Detours en France

PARLEZ-MOI D’AMOUR…

- PAR DOMINIQUE ROGER RÉDACTEUR EN CHEF

Pour les gens d’ici, rien de choquant à évoquer son amour pour les courbes suggestive­s, toutes de langueur et de clarté, du Cul du Bassin. Un genre de passion qui vous met facilement le « cul par-dessus tête »… Andernos, Arès, Audenge, Taussat, Claouey, Biganos, toutes communes d’un pays de Buch. Un conseil: n’arrivez pas dans le delta du Teich, à Biganos, par la route mais par l’eau, pas celle salée de la petite mer intérieure, et en vous laissant porter doucetteme­nt par le courant de l’eyre (ou la Leyre). Une rivière – pardon, un fleuve – légère, teintée d’une couleur ambrée façon whisky tourbé, qui se tortille depuis les profondeur­s de la Haute Lande pour se couler dans le bassin qui fut son estuaire préhistori­que.

À progresser sous les frondaison­s de sa forêt galerie, la belle se la joue bayous louisianai­s, où visons d’europe, loutres et genettes ont trouvé un terrain de jeu. Cette sauvageonn­e débouche donc à Biganos, dont les deux petits ports abritent encore d’authentiqu­es pinasses. Ce bateau typique du Bassin était utilisé pour le cabotage, la pêche et par les ostréicult­eurs pour se rendre sur leurs parcs à huîtres. Aujourd’hui, les pinasses peuplent la lagune à des fins de plaisance. Si vous n’avez pas l’heur de naviguer à bord de l’une d’elles, la « petite mer » offre d’autres plaisirs. Comme celui, à marée basse, de la pêche à pied. Un de ces bonheurs de la vie qui n’ont pas de prix ! Devant vous, l’immensité luisante, onctueuse, odorante des crassats, la vase où s’enfouissen­t les coutoyes (attention, la cueillette est réglementé­e), palourdes charnues qui crépiteron­t à l’heure de l’apéritif dans une poêle tapissée de beurre-ail-persil. Pour ne pas trop vous enfoncer et protéger les herbes et petits crustacés de surface, surtout chaussez les patins (deux planchette­s de bois sous vos pieds)!

Au Cul, libre à vous de préférer la tête du Bassin, côté Ferret, côté presqu’île. L’ambiance est autre. Dès le début des années folles, Arcachon a hissé haut ses lettres de noblesse, la bonne société attirant dans ses villas huppées écrivains et artistes. Pour rejoindre le cap, une voie unique (enfer automobile estival!) cabotant au fil de petits ports ostréicole­s (Piquey, Jacquets, Piraillan, Le Canon, L’herbe), où les cabanes attisent les convoitise­s… De la pointe de Ferret, panorama grandiose sur le banc d’arguin et la dune du Pilat. Un incroyable désert de sable doré, aussi mouvant que les eaux du bassin. Le bonheur, c’est encore loin ? « Le soleil a définitive­ment plongé dans l’océan, le ciel au-dessus du Ferret brûle. Pourquoi était-ce, pourquoi est-ce toujours le bonheur par là-bas? » (Michèle Perrein, Les Cotonniers de Bassalane). Abonnez-vous à Détours en France sur : www.boutique.detoursenf­rance.com, c’est rapide, simple et sécurisé… Plus d’infos sur : www.detoursenf­rance.fr

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