YVES HERSZFELD :
L’HOMME FORT DU PORT
On peut le croiser à la mairie d’arcachon, officiant une cérémonie de mariage ou remettant un trophée sportif. Son univers, toutefois, reste le port de pêche et la criée. Yves Herszfeld a commencé sa carrière, tout en bas, à « bac moins 6 », comme il aime en plaisanter. « J’ai toujours été attiré par le port. Je ne me l’explique pas. Il n’y a pas de marins dans ma famille : mon père était facteur. Quand je n’avais pas école, j’allais donner un coup de main au port. Le contremaître a fini par m’embaucher! » Il commence par le nettoyage et le déchargement des bateaux avec la grue. Peu à peu, il grimpe les échelons.
« Ma première promotion a consisté à laver les bacs… Ce dont je rêvais, c’était devenir crieur: la vente se faisait encore à la voix. Il y avait deux types renommés qui faisaient ça à l’époque. Moi, je les “badais”, raconte-t-il en riant. Un jour, l’un d’eux est tombé malade, alors que l’autre était en vacances. Je me suis porté volontaire ! C’était loin d’être parfait mais je m’en suis sorti. J’ai intégré l’équipe et j’ai fini par devenir responsable puis contremaître. » Depuis 1991, il est… directeur !
Cette ascension depuis le bas de l’échelle lui permet aujourd’hui de se prévaloir de la confiance des pêcheurs, laquelle s’étend bien au-delà de la région. De 2008 à 2012, en effet, il a présidé l’association nationale des directeurs de halle à marée. En 2000, il intègre l’équipe de campagne de son ancien camarade de classe Yves Foulon, qui briguait la mairie d’arcachon.
« Quand il a été élu, il m’a proposé le poste de maire adjoint au Sport et à la Vie associative. » Il concède : « J’ai de grosses journées. Je me lève à 4h30 tous les jours. Après la criée, j’enchaîne avec des rendez-vous pour la mairie ou pour le port. » Aussitôt, il tempère : « Je ne suis pas à plaindre, je me trouve même très chanceux ! » Pour le prouver, il nous amène sur le toit de la criée. De làhaut, le spectacle est grandiose. Le soleil se lève à peine, le port et le bassin à marée basse sont baignés d’une lumière rose. « Je profite tout le temps du bassin. Je ne pêche pas mais j’ai un petit bateau. Dès que j’ai des heures de libre, je vais décompresser au pied des cabanes tchanquées. Et c’est reparti ! »