JOCELYNE PÉRARD :
« Je suis devenue universitaire parce que je voulais être vigneronne ! L’université de Bourgogne possède un vignoble à Marsannay-la-côte, le premier village de la côte de Nuits. Et elle fait son vin. Présider l’université de 1993 à 1998, c’était mon moyen de devenir propriétaire-récoltante ! C’est que, dans le monde du vin, les femmes de ma génération n’avaient pas voix au chapitre… » Jocelyne Pérard, c’est un caractère entier où l’humour se cache en embuscade. Climatologue tropicaliste, la Bourguignonne pur jus a sillonné la planète, loin de la côte de Nuits, aux Philippines et en Afrique. Cette chercheuse brillante a présidé la Commission sur l’environnement à l’université des Nations unies. « Un jour à Tokyo, j’ai dit au représentant de l’unesco, un Français : et si on créait une chaire Unesco consacrée au vin ? On a topé, comme des maquignons ! » La chaire « Culture et traditions du vin » de l’université de Bourgogne est née. Jocelyne Pérard pilote cet outil qui s’appuie sur une soixantaine d’établissements d’enseignement supérieur et plus de 600 chercheurs à travers le monde: « Notre but est de croiser les connaissances issues des recherches autour de la vigne, toutes disciplines confondues (archéologie, oenologie, médecine, musique), et de les diffuser. » Avec un bagout certain, Jocelyne Pérard anime des colloques aux quatre coins du monde, invitant des conférenciers internationaux aux Rencontres du Clos-de-vougeot. Le cellier de ce château n’a plus de secret pour cette commandeure de la confrérie des Chevaliers du tastevin, qui a été la première femme à présider le tastevinage. « J’ai un don : je reconnais les années, les côtes, etc. » En 2015, quand l’unesco inscrit les climats de Bourgogne au patrimoine mondial, elle est la première à se réjouir : « Grâce aux climats de Bourgogne, on a accompli un travail de recherche formidable. En Bourgogne, le climat désigne depuis le xvie siècle une parcelle de vignes avec ses qualités (géologie, cépage, exposition…) et, par extension, ce qui en sort. Mais la climatologue que je suis s’y retrouve quand même car rien n’est plus révélateur des fluctuations climatiques que la vigne. » Pas étonnant, après tout, que les climats de Bourgogne concernent une climatologue bourguignonne…