La ville s’est découvert une vocation touristique amplement justifiée par son patrimoine qui balaie du jusqu’au siècles, une grandiose cathédrale et un certain art de vivre permis par les rives bucoliques de la Moselle et de ses bras. Flânerie documentée
Il y a dix ans, l’ouverture du Centre Pompidou-metz braquait les projecteurs sur la préfecture mosellane.
fours communaux qui ponctuaient la voie. Plus au sud encore, les pavés de la place Saint-louis résonneraient presque de la rumeur des foires d’autrefois quand les changeurs (les banquiers) tenaient office sous les arcades.
14H – SOUS LE SIGNE DES LUMIÈRES
De retour près de la cathédrale, la place d’armes est notre point de départ pour une plongée dans le Metz du xviiie siècle. « À cette époque, le maréchal Belle-isle qui gouverne Metz imagine un grand projet d’urbanisme, poursuivi après lui par l’architecte Blondel. Il s’agit d’améliorer les circulations, d’ouvrir la cité, de créer une architecture harmonieuse », éclaire Christiane Pignon-feller. Autour de nous, des façades empreintes de classicisme, typiques de cette période. « Des arcades viendront même, un temps, s’appuyer sur la cathédrale pour créer une symétrie avec celles de l’hôtel de ville. » L’esprit des Lumières souffle aussi place de la
Comédie, avec une magistrale composition classique centrée sur l’opérathéâtre. « Le plus ancien théâtre français en activité et l’un des rares à encore fabriquer lui-même ses décors. » Nous sommes sur l’île du Petit-saulcy, sur un bras de la Moselle, franchi par un modeste pont. C’est notre premier contact avec l’eau, pourtant si présente dans cette ville née à la confluence de ce bras mort et de la Seille.
15H – DEUX TEMPLES ET UNE TOUR
Au sud-ouest de la place de la Comédie et à la pointe de l’île, le clocher hexagonal et les tourelles en grès gris du Temple neuf jaillissent d’un jardin arboré. « Il est bâti sous Guillaume II, pendant la tutelle allemande. Son style néo-roman est inspiré des cathédrales impériales des bords du Rhin. Appliqué ici, il agit comme un marqueur territorial »,
nous apprend Christiane Pignon-feller. Depuis le jardin qui entoure l’édifice protestant, le regard se perd sur les embarcations qui glissent lentement sur l’eau. Un autre sanctuaire élevé par les Allemands scande le paysage de Metz, 300 mètres plus loin, sur l’île Chambière. De l’ancien temple de garnison, il ne reste qu’une flèche néogothique qui crève l’horizon. Une tour solitaire en pierre de Jaumont, seule rescapée d’un incendie qui a ravagé les lieux en 1946, pareille à un phare sur les rives de la Moselle…
16H – AUTOUR DE L’ESPLANADE
Retour dans le centre-ville après avoir emprunté le Moyen-pont, fortifié, et jeté un dernier coup d’oeil sur le plus beau profil du Temple neuf. Nous longeons les quais jusqu’au grand jardin de l’esplanade. On respire la chlorophylle dans cet espace de promenade avec bassin, haies taillées de près, bosquets de tilleuls et de chênes. « Il est aménagé au xixe siècle sur une partie des terrains où les Français avaient bâti leur citadelle, après s’être emparés de la ville libre de Metz en 1552 », explique notre guide historienne Christiane Pignonfeller. La vocation militaire du quartier reste prégnante, alors que l’on entend claquer les sabots des chevaux d’un défilé. Il se déroule sous nos yeux, à l’ombre des arbres, près de la caserne Ney qui occupe le sud de la place de la République. En face, l’architecte Bofill a revisité avec sobriété l’ancien arsenal en « U » de Napoléon III. C’est aujourd’hui une cité musicale renommée. Tout près, une chapelle des Templiers a traversé le temps. L’histoire de cet ordre militaire, qui s’illustra aux croisades, défile sur les vitraux du xxe siècle. Le palais du Gouverneur enfin, bijou néo-renaissance bâti au temps de l’annexion allemande, ferme avec préciosité ce quartier des Armes. La journée peut s’achever par un grand bain de nature. Depuis l’esplanade, il suffit de descendre sur les rives du bras mort de la Moselle, rendez-vous des promeneurs, des canards et des pédalos. Un petit port de plaisance, sur le « plan d’eau », donne une atmosphère balnéaire à la ville.