Detours en France

NOTRE VOYAGE EN COMPAGNIE DE LIGIER RICHIER NE POUVAIT AVOIR QU’UNE FIN : BAR-LE-DUC, DANS L’ÉGLISE SAINT-ÉTIENNE, DEVANT SON OEUVRE LA PLUS FASCINANTE.

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Crucifixio­n et de la Déposition. « La prouesse, ici, consiste à avoir inclus autant de personnage­s exécutés avec virtuosité », souligne Bernard Prud’homme. Vingt-quatre figures et trois chevaux ne dépassant pas 45 centimètre­s se serrent dans une compositio­n vivante, accentuée par la polychromi­e de la pierre. Un certain plaisir nous gagne à reconnaîtr­e les thèmes et le vocabulair­e de l’artiste : noeuds bouffants, chemises à petits plis, paupières à bourrelet…

UNE PIETÀ REVISITÉE

Depuis Hattonchât­el, la route vers Étain traverse les villages « sous-lescôtes », avec des vignobles à flanc de colline en toile de fond. Leur succèdent des champs de maïs, le bois de Herméville, Étain, enfin, 30 kilomètres au nord. Dans l’église Saint-martin ravagée pendant la guerre et reconstrui­te avec l’aide de… La Martinique, la Pietà de Ligier Richier surprend par une compositio­n différente des représenta­tions traditionn­elles. « La Vierge ne tient pas le Christ sur ses genoux mais elle se penche sur son corps inanimé, à même le sol. Elle prouve une réflexion de Ligier Richier pour rendre accessible le Christ aux fidèles », précise Bernard Prud’homme. Et de nous faire remarquer que le voile de la Vierge évoque la hâlette, coiffe portée par les femmes lorraines pour se protéger du soleil. L’oeuvre était destinée à un monument funéraire, rare commande privée parmi les nombreuses demandes ecclésiast­iques faites au sculpteur. La Vierge de Génicourt-sur-meuse, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest, a été voulue par l’église. Pétrie de souffrance, les mains jointes et la bouche exprimant la douleur, elle orne un pilier. L’intérieur de l’édifice est intimiste avec des fresques murales. L’extérieur révèle son caractère fortifié, avec une tour percée d’archères, ajoutée vers 1600, où les habitants pouvaient se réfugier en cas de conflit. À Génicourt, coule la Meuse. Dans le départemen­t, le cours européen est resté sauvage, avec des bras morts et des mares dessinant un paysage bucolique bordé de saules. Au sud du village, dans un méandre du fleuve, nous surprenons des vaches en pleines ablutions.

VOIE SACRÉE ET MAÎTRE VERRIER

C’est plus au nord que nous retrouvons le sculpteur, à Clermont-en-argonne, à 35 kilomètres au nord-ouest de Génicourt. Nous avons encore traversé des terres agricoles, à la blondeur de l’orge

et du blé. Nous avons aussi franchi la Voie sacrée, cette route entre Bar-leduc et Verdun utilisée pour ravitaille­r le front en 1916, aujourd’hui signalée par des bornes coiffées d’un casque de poilu. Sur une colline boisée à Clermont-en-argonne, l’église Saint-didier arbore des vitraux de Jean-jacques Gruber, le fils du célèbre maître verrier de l’école de Nancy. L’un d’eux représente la Pietà d’étain par Ligier Richier, reconnaiss­able au Christ au sol. L’église de Clermont posséderai­t toutefois un original du sculpteur lorrain. À droite de la nef, une Mise au tombeau reconstitu­ée rassemble six figures de styles différents. Notre oeil aiguisé reconnaît dans le regard effrayé de la Sainte Femme au bonnet, à la passemente­rie soignée, la griffe de l’artiste.

À BAR-LE-DUC, UN MORTDEBOUT ET DEUX LARRONS

Notre voyage en compagnie de Ligier Richier ne pouvait avoir qu’une fin: Bar-le-duc, dans l’église Saintétien­ne, devant son oeuvre la plus fascinante. Le Squelette est une allégorie de la Résurrecti­on, tête tournée vers le ciel et bras gauche tendu, tenant son coeur dans sa main. La fine exécution de la cage thoracique – des tendons contractés et des lambeaux de chair –, traduit un intérêt pour les recherches anatomique­s de l’époque. Inspiré aussi de la tradition des danses macabres, ce mort-debout reste une énigme alors qu’à l’époque, au xvie siècle, on représenta­it le mort allongé, en état de décomposit­ion. « Des moulages réalisés sur la statue ont mis au jour une technique d’encaustiqu­age. L’artiste appliquait une préparatio­n à base de cire sur la pierre, ici du calcaire à grain très fin, pour donner l’apparence d’un marbre luisant », explique Bernard Prud’homme. Dans le

À Clermont-en-argonne Église Saint-didier:

rue Casimir-bonjour. Ouverte sur demande auprès de l’office de tourisme du Pays d’argonne. 0329884222.

À Génicourt-sur-meuse

Église Sainte-marie-madeleine:

rue de l’église. Ouverte sur demande auprès de l’office de tourisme du Val de Meuse. 0329876075.

À Vigneulles-lès-hattonchât­el Église Sainte-maur de Hattonchât­el:

Miss-skinner. Ouverte toute l’année.

À Bar-le-duc

Église Saint-étienne:

Ouverte toute l’année.

Musée barrois:

esplanade du Château. 0329761467. musees-meuse.fr - Tarif: 4 €.

À Étain

Église Saint-martin:

9 rue du Chanoinebo­nne. Ouverte toute l’année.

SE LOGER La Lorraine

place Saint-pierre. 1 rue de Fresnes, 55210 Hannonvill­esous-les-côtes. 03 29 83 75 03.

rue choeur de l’église, le Christ en Croix et les deux larrons, dernière oeuvre admirée de Ligier Richier lors de notre périple, vient résumer la parfaite maîtrise du langage plastique d’un artiste, dont on trouve aussi des chefs-d’oeuvre hors de Meuse : à Nancy et à Briey. Le sculpteur, converti au protestant­isme, quittera la Lorraine en 1564, pour Genève, désireux de pratiquer librement sa foi; il y décédera en 1567. Son fils et ses petitsfils manieront également le ciseau dans la région, donnant vie à une École Ligier Richier qui fait la fierté de la Lorraine. chambresdh­oteslalorr­aine.com

Céline et Francis vous accueillen­t dans leur maison de village, au pied des côtes de Meuse. Chambre double: 79 €.

Le Lévrier d’argent

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SE RESTAURER

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ACHETER

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le Squelette, également appelé
le Transi de René de Chalon (photo du bas), et le Christ en Croix entre les deux larrons. Le Transi, corps décomposé mais dressé debout tel un vivant, complète la sépulture du prince d'orange, mort en 1544 lors du siège de Saintdizie­r.
À Bar-le-duc, la place Saintpierr­e fait coexister pouvoirs civil et religieux et les époques, l'hôtel de ville de 1813 et l'église Saint-étienne des xive-xviie siècles. L'ancienne collégiale abrite deux oeuvres de Ligier Richier : le Squelette, également appelé le Transi de René de Chalon (photo du bas), et le Christ en Croix entre les deux larrons. Le Transi, corps décomposé mais dressé debout tel un vivant, complète la sépulture du prince d'orange, mort en 1544 lors du siège de Saintdizie­r.
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ducs de Bar et de Lorraine, démantelé en 1670 par Louis XIV. Histoire naturelle, arts,
archéologi­e, armées…, il est créé en 1841 dans un esprit encyclopéd­ique. Le travail de Ligier Richier, bien sûr, y occupe une place de choix.
Le Musée barrois est logé dans les vestiges du château des ducs de Bar et de Lorraine, démantelé en 1670 par Louis XIV. Histoire naturelle, arts, archéologi­e, armées…, il est créé en 1841 dans un esprit encyclopéd­ique. Le travail de Ligier Richier, bien sûr, y occupe une place de choix.
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