Detours en France

JEAN-YVES ET INÈS LEBREC: LE MONT EST LEUR MAISON

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« Ici, nous sommes dans une bulle, annonce Inès Lebrec, refermant la porte de sa maison et tirant le rideau blanc qui isole de la vue des passants. Le soir, une fois que la foule est partie et que les boutiques ont fermé, nous nous réappropri­ons le Mont-saint-michel, dont nous sommes deux des rares habitants à l’année. » « En hiver, nous avons les religieux comme voisins, il nous arrive de partager, une fois l’an, un dîner entre Montois », poursuit Jean-yves, son époux, Montois de souche. Ce « casanier au mont », comme il aime se définir, est aussi un peintre passionné. Il reproduit l’emblématiq­ue forme du rocher à longueur de journée. « Il est difficile d’en décrocher mon mari », confie Inès. Elle, en revanche, aime bien « sortir de sa bulle » de temps en temps. « Mes parents ont vécu dans cette maison à colombages sept fois centenaire, classée aux Monuments historique­s. J’ai le mont dans mes veines. Je ne me vois vivre qu’ici », se justifie celui qui est, en effet, propriétai­re de la Tête noire, la plus ancienne maison du site, figurant sur la représenta­tion du mont Saint-michel dans Les Très Riches Heures du duc de Berry, fameux manuscrit du xve siècle. « On reconnaît tout, même la petite lucarne au deuxième étage, à l’angle droit », s’enflammet-il en nous montrant l’image. Bertrand du Guesclin a vécu là, comme en témoignent les armes de sa famille, figurant sur la façade. « Vivre au Mont-saint-michel, c’est comme vivre au ciel ! », dit Inès en nous menant dans leur salon, d’où une fenêtre surplombe la baie. « Observer l’arrivée du mascaret et la vitesse incroyable à laquelle la baie se remplit lors des vives-eaux est un plaisir que je ne rate jamais. La mer et le ciel semblent se mélanger, c’est magique! Depuis notre chambre, parfois, on entend la mer monter. En revanche, nous n’aimons pas la morte-eau: nous avons peur que la mer ne revienne plus… »

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