Detours en France

LA « CÔTE SOUS LE VENT » LE VAL DE SAIRE

- Durée : Carte :

2 jours

IGN 1:25000, « Cherbourg-pointe de Barfleur », 1310OT

Commençons par une balade à l’extrémité de la grande jetée, au sud du village, pour embrasser du regard l’ensemble d’une baie tanguant entre ciel et mer. L’île de Tatihou en face, la presqu’île de La Hougue au sud et la pointe de Saire au nord, entourent « la plus belle rade de France » – l’expression est de Vauban. En attendant l’ouverture de l’écluse, pêcheurs et plaisancie­rs s’affairent dans le port le plus accueillan­t, dit-on, du Cotentin. Abrité des forts vents d’ouest, « Saintva », comme le nomment les locaux, offre une dernière escale aux bateaux en partance vers les îles britanniqu­es. Aujourd’hui havre pour les plaisancie­rs, autrefois position hautement stratégiqu­e face à l’angleterre, Saintvaast-la-hougue est entré dans l’histoire après un épisode tragique pour la flotte française. Au large de sa rade s’est jouée, en 1692, une bataille qui s’est soldée par l’incendie de 12 vaisseaux français et par le naufrage du Soleil Royal, un bâtiment de guerre de premier rang. Cette défaite face aux ennemis héréditair­es, les Anglais, sera à l’origine de la constructi­on de deux tours jumelles fortifiées par Vauban, l’une à La Hougue, l’autre à Tatihou; ce qui permettait un tir croisé protégeant la rade de toute attaque extérieure.

LA CHAPELLE DES MARINS

Quand on remonte la grande jetée, impossible de manquer la chapelle des Marins, sise face aux flots, à la pointe d’une avancée rocheuse. « Au Moyen Âge, c’est ici que battait le coeur du village. La chapelle, unique vestige de

l’église paroissial­e de Saint-va construite au xie siècle, est dorénavant un lieu de recueillem­ent pour les familles des marins disparus et dépourvus de tombe, explique Annick Perrot, historienn­e et passionnée par sa ville. Saint-va fut d’abord et avant tout un village de matelots et de marins pêcheurs. » Preuve en est, les nombreuses maisons de pêcheurs alignées dans le quartier historique à deux pas du port. Il suffit de flâner dans la rue des Paumiers ou l’impasse Triquet pour les découvrir.

LA TOUR VAUBAN

Depuis la chapelle, le Sentier du littoral mène, en une dizaine de minutes, à la presqu’île de La Hougue. Une enceinte fortifiée et une douve protègent la tour Vauban, 20 mètres de haut et 16 mètres de large. À 3 kilomètres, sur l’île de Tatihou, sa soeur jumelle lui fait face. Depuis la terrasse, une vue à 360° embrasse le village, la rade, la mer et la colline de La Pernelle. Du côté de l’anse du Cul-de-loup, les parcs

ostréicole­s tapissent la mer sur près de 30 hectares. Des hommes tournent les poches d’huîtres sur les tables alignées, tandis que des tracteurs chargent les coquilles prêtes à être commercial­isées. « C’est le plus ancien bassin de la Manche. Des traces écrites prouvent l’existence de “parcs à conserver” des huîtres depuis le xvie siècle. » Les plus courageux parcourron­t les 7,5 kilomètres du sentier Vauban, balisé par l’office de tourisme. Nous, nous rentrons au port en empruntant la rue de Verrüe, principal axe commercial du village, où il est impossible de manquer la vitrine de la maison Gosselin, fondée en 1889. Pousser la porte de cette épicerie fine, c’est comme partir pour un voyage gastronomi­que au pays des produits du terroir, du café, du thé, de la confiserie, des liqueurs…

L’ÎLE DE TATIHOU

Nous rejoignons le quai Vauban, direction la cale de marée basse. Il est temps, en effet, de larguer les amarres vers la perle des « perles du val de Saire », l’île de Tatihou. De là, nous embarquons pour une traversée d’une dizaine de minutes sur le Tatihou-ii, un véhicule amphibie unique en son genre, qui flotte à marée haute et roule à marée basse. Autrefois, on menaçait les enfants désobéissa­nts d’un: « Si tu n’es pas sage, tu iras à Tatihou ! » De 1948 à 1984, ce tapis vert posé sur la

 ??  ?? Saint-vaast est l'un des plus grands ports manchois. Protégée de la houle par une jetée (xixe siècle) longue de 400 mètres, la cité se partage entre la plaisance (760 places) et la pêche (50 bateaux, de 1 à 5 matelots).
Saint-vaast est l'un des plus grands ports manchois. Protégée de la houle par une jetée (xixe siècle) longue de 400 mètres, la cité se partage entre la plaisance (760 places) et la pêche (50 bateaux, de 1 à 5 matelots).
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Le dimanche, l'artère commerçant­e de Saint-vaast accueille le marché de plein air.
La rue de Verrüe et ses boutiques colorées. Le dimanche, l'artère commerçant­e de Saint-vaast accueille le marché de plein air.
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Elle est dédiée aux péris en mer comme en attestent les plaques de souvenir.
Photos de la page : La chapelle des Marins (xie siècle), logée dans le choeur de l'ancienne église de Saint-vaast. Elle est dédiée aux péris en mer comme en attestent les plaques de souvenir.
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