LE CHÂTEAU DE TAYAC ET TOUTEI UNE PARTIE DU VILLAGE DESI EYZIES SONT ENCASTRÉSI DANS LA FALAISE, QUI ÉVOQUEI UNE FORMIDABLE VAGUEI FIGÉE PAR LE TEMPS.I
forge (xvie siècle), quant à elle, compte parmi les plus anciennes du Périgord. Lors de sa modernisation, au début du xixe, y ont été accolés une halle à trois trains de laminoirs et de fours à puddler, ainsi qu’un haut-fourneau de 11 mètres. L’activité ayant décliné, les bâtiments ont été transformés en usine de broyage de kaolin puis en laiterie.
COMMARQUE,
CASTRUM ET PANORAMA
C’est le moment de s’aventurer dans la petite vallée de la Beune, à l’est des Eyzies. L’écrivain Pierre Michon voit dans ce paysage quelque chose qui se rapproche de « l’origine du monde (…), cette odeur de poussière immémoriale et comme fossile, une terre qui fut de toute éternité » (dans La Grande Beune). Les gisements préhistoriques y sont légion, mais c’est au château de Commarque qu’il faut accorder la priorité. On devrait plutôt parler de castrum, puisque le site réunit un donjon, un logis, une chapelle et des maisons-tours. Hubert de Commarque qui, à partir de 1962, a relevé les ruines de ses ancêtres, doit être salué: la visite de son château est l’une des plus spectaculaires de la vallée. On n’oublie pas de sitôt le panorama sur la Beune depuis le sommet du donjon.
REIGNAC ET LA ROQUE, ACCROCHÉS À LA FALAISE
De retour dans la vallée de la Vézère, il faut choisir : la maison forte de Reignac, encastrée dans la roche; ou La Roquesaint-christophe, falaise jadis habitée d’un kilomètre de long (le record en Europe !), surplombant la route et la rivière. Chacun des sites montre, à sa
façon, comment l’homme a transformé un abri troglodytique en château confortable ou en forteresse inexpugnable.
MONTIGNAC, UN SI JOLI VISAGE
Au village du Moustier, une route grimpe jusqu’à la côte de Jor, offrant une vue splendide sur la vallée de la Vézère, festonnée d’arbres. De Thonac, la D706 file vers Montignac. C’est là que furent découvertes les grottes ornées, dont celle de Lascaux. Il serait dommage d’oublier le bourg, qui présente un joli visage de part et d’autre de la rivière. D’un côté, le charme des maisons à pans de bois de la rue de la Pègerie et l’église Saint-georges (xive siècle). De l’autre, l’élégance de la place d’armes, bordée de demeures en pierre blonde et à colombages.
LOSSE ET SAINT-LÉON, LE MEILLEUR DE LA VALLÉE
Nous conseillons ensuite de suivre la D65, qui redescend la Vézère, jusqu’au château de Losse. Seule la lumière matinale sait éclairer comme ils le méritent son logis Renaissance et sa tour ronde fortifiée. Peintres, à vos chevalets! Notre balade se termine à Saint-léon-sur-vézère. Ce village enchanteur concentre le meilleur de la vallée : l’église romane Saint-léonce (xiie siècle), coiffée de lauze du Périgord et ses fresques à demi effacées superposant les époques, le manoir de la Salle au puissant donjon (xive siècle), le château de Clérans, digne d’un conte de fées, des ruelles à la végétation luxuriante, des saules pleureurs penchés sur la Vézère…
« Bien sûr que nous y pensions, confie Philippe Lagarde. Nous avons été nourris par cette fabuleuse découverte faite par des adolescents. Et c’était bien mieux que dans un roman ! » S’il n’a pas trouvé de nouvel abri magdalénien, il s’est lancé dans un autre type d’aventure. Depuis 1995, il est maire des Eyzies-detayac-sireuil (qui a fusionné, en 2019, avec Manaurie et Saint-cirq au sein de la commune nouvelle des Eyzies).
LES PLUS BEAUX TRÉSORS DE L’ART PARIÉTAL
Le village, modeste (un millier d’habitants à peine), a accueilli un million de visiteurs l’an passé! Pas vraiment étonnant, quand on sait que c’est là qu’a été découvert l’homme de Cromagnon, là que s’est construite la Préhistoire en tant que science, là encore que l’on peut admirer les plus beaux trésors de l’art pariétal. On le présente souvent comme « la capitale mondiale de la Préhistoire », au centre duquel trône le musée national, référence de la discipline. Celui-ci propose une collection d’objets, d’outils et de sculptures provenant des sites alentour. Et sur les quinze sites et grottes ornées de la vallée de la Vézère classés au patrimoine mondial par l’unesco, dix sont situés aux Eyzies : l’abri de Cro-magnon, l’abri du Poisson, Font-de-gaume, La Micoque, La Mouthe, La Laugeriebasse, La Laugerie-haute, le Grand Roc, Les Combarelles et Saint-cirq. Auxquels il faut ajouter le Pôle d’interprétation de la Préhistoire.
UN TOURISME RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT
Et pour mieux planter le décor, monsieur le maire nous invite à arpenter à ses côtés les terrains de jeux de son enfance, autour du sentier de Gorge d’enfer. Tout en progressant au gré de ce chemin pentu, il évoque son quotidien d’édile, ses aspirations. Au premier rang de ses préoccupations? Les abords paysagers de ces secteurs touristiques et le respect absolu de l’environnement. D’ailleurs, cette année, grâce à la qualité de sa gestion, de sa préservation et de sa valorisation, la vallée de la Vézère a reçu le label « Grand Site de France ».