LE CHÂTEAU DE PUYMARTIN
CHEMINÉE EN TROMPE-L’OEIL
Xavier de Montbron connaît chaque porte dérobée, chaque recoin, chaque meuble de la demeure. Passé la cour Saint-louis, qui permet d’y accéder, il désigne un tableau représentant l’un de ses aïeuls puis décrit avec minutie les tapisseries d’aubusson du xviiie siècle, la cheminée « peinte en trompe-l’oeil au xviie siècle » de la chambre d’honneur, ou encore le « plafond à la française de la Grande Salle » ornée, elle, de tapisseries flamandes. La visite est détendue, jusqu’au moment d'aller dans la tour Nord. Laquelle reste associée, depuis le xvie siècle, à une sombre légende.
RENCONTRES AVEC LA DAME BLANCHE
On raconte que Jean de Saint-clar, lorsqu’il rentra au château après s’être illustré aux combats, y surprit son épouse Thérèse dans les bras d’un jeune seigneur. Jaloux et rageux, il l’enferma dans la tour. Elle y mourut après « quinze longues années de repentir » et son corps y fut même, dit-on, emmuré. Depuis, son fantôme ne cesserait, à la nuit tombée, de hanter les couloirs… Xavier de Montbron affirme, calmement : « Au cours de toutes ces années, je ne l’ai jamais croisée mais mon père, Henri, décédé en 2002, si. Et à plusieurs reprises. Je dois avouer que ses rencontres avec la Dame blanche l’ont bien chamboulé. Il a eu du mal à s’en remettre. » Les propriétaires, toutefois, ne souhaitent pas s’étendre sur le sujet, qui a bien trop souvent fait tourner la tête des visiteurs. Pour les amateurs de frissons, une chambre d’hôtes, magnifique, a été aménagée dans une pièce du château. Elle est régulièrement louée par les amateurs de paranormal…
PRATIQUE Château de Puymartin.
24620 Marquay. 05 53 59 29 97. chateau-puymartin.com – Tarif: 9 €.
L’aventure des Milandes commence en 1937. L'américaine Joséphine Baker est devenue célèbre en France, douze ans plus tôt, grâce à la Revue nègre. Lors d'un séjour dans le Périgord, elle découvre un château construit à la fin du xve siècle pour Claude de Cardaillac, l’épouse du seigneur de Castelnaud qui ne supportait plus l’austérité de sa forteresse féodale. Élégantes tourelles, larges fenêtres à meneaux laissant pénétrer la lumière… L’artiste a un coup de foudre pour cette silhouette Renaissance dominant, depuis sa colline, la vallée de la Dordogne. Elle loue les lieux et, durant la guerre, y abrite même clandestinement des résistants.
minigolf, piscine, théâtre… Il attire les familles, venues de toute l’aquitaine pour y passer ne serait-ce qu'une journée. « Pendant que les parents se détendent en buvant un verre ou devant un spectacle, les enfants sont confiés à des nurses et disposent d’aires de jeux », explique Angélique de Labarre de SaintExupéry, responsable actuelle du site.
SON VILLAGE UTOPIQUE
Dans la chanson Mon village, Joséphine Baker résume son utopie périgourdine : « Si mon village pouvait servir un jour de témoignage et symbole d’amour / Si tous les gens, d’ici, de là, si tous les peuples ici-bas / sans s’occuper de leur couleur n’avaient qu’un coeur / Tous les villages alors seraient heureux / (…) Et peu à peu, le monde entier serait meilleur. » Jean-claude, adopté par le couple Bouillon-baker, vécut seize années aux Milandes. Il se souvient: « C’était idyllique de grandir dans ce lieu, avec ces valeurs de tolérance, d’antiracisme. Elle envisageait même d’y bâtir “un collège de la fraternité universelle“, qui aurait accueilli des enfants boursiers du monde. Hélas, elle n’en aura pas eu le temps. La chute fut vraiment terrible… »
LE RÊVE BRISÉ
L’histoire se termine mal, en effet. Car Joséphine Baker dépense tant pour son domaine et l’aménagement de son château – exigeant de la pâte de verre de Murano avec incrustations d’or pour sa salle de bains – qu’elle finit ruinée. « Elle avait plus de 100 employés! Elle a été victime de la malhonnêteté d’artisans, qui devaient la juger, à raison, légère et naïve… On raconte que certains d’entre eux arrivaient à vélo le matin, et repartaient en voiture le soir… », détaille Angélique de Saint-exupéry. L’artiste est jetée hors de chez elle par ses créanciers. Dans les journaux, les photos la montrent, résistant à l’expropriation en robe de chambre, sur les marches du château. Brigitte Bardot, Fidel Castro ou Charles De Gaulle tenteront, tour à tour, de l’aider. En vain. Expulsée manu militari en 1969, elle s’installe à Roquebrune, sur la Côte d’azur, soutenue par la princesse Grace de Monaco. Loin de son utopique village « arc-en-ciel ».
PRATIQUE Château des Milandes.
24250 Castelnaudla-chapelle. 05 53 59 31 21. milandes.com – Tarif: 12 €.