DOMAINE DE LA PALISSADE, LA CAMARGUE « IDÉALE »
Géré par le Parc naturel régional, cet espace de 700 hectares propriété du Conservatoire du littoral affiche les qualités originelles du delta. Diversité des milieux et de la faune, dynamique hydraulique... ce sanctuaire est accessible au public.
« Il faut venir en été pour l’observation animale. C’est la période la plus favorable car les oiseaux nicheurs croisent les grands migrateurs venus d’europe du Nord », raconte Emmanuel Vialet, technicien-guide naturaliste qui arpente « ses » terres depuis trente ans. « Le Domaine est une ancienne propriété privée sur laquelle il n’y a jamais eu d’agriculture, juste des chevaux, des taureaux, de la pêche et de la chasse. » Bordé à l’est par le Grandrhône, qui finit sa course en Méditerranée, le site réunit les six milieux naturels camarguais: roselières, lagunes, plages et dunes, sansouïres, ripisylve et marais. Trois sentiers d’interprétation sont aménagés pour les découvrir.
OISEAUX NICHEURS ET HIVERNANTS
La sansouïre est un écosystème unique. La présence de sel dans les sols limite la végétation, composée pour l’essentiel de salicornes, soudes, obiones et saladelles. Le marais est plus animé. Bordé par un observatoire, c’est le lieu d’accueil des oiseaux nicheurs et des hivernants. Une famille de cygnes tuberculés, « espèce protégée qui prospère, les premiers nids remontent aux années 1990 », précise Emmanuel. Plus loin, on
observe à la jumelle une poule d’eau tandis qu’un canard Nette rousse, yeux et bec rouges, se pavane sur un îlot. « Avec l’habitude, on arrive à reconnaître les oiseaux par leur chant. La biodiversité en Camargue évolue. La raréfaction des insectes entraîne celle des passereaux. En compensation, sont arrivées des espèces plus grandes, comme les ibis falcinelles ou les grues cendrées, qui viennent hiverner en Camargue. La loutre revient aussi. »
MARAIS SAUMÂTRES ET ROSELIÈRES
Et les fameux flamants roses? Ils ont déserté l’îlot artificiel du Fangassier, aménagé pour eux, pour aller vers Aigues-mortes. En cause: des niveaux d’eaux aléatoires après la réouverture des flux entre la mer et les étangs, via les anciens salins ; et la présence de nouveaux prédateurs (renard ou hibou grand-duc). Quittant le marais saumâtre entouré de roselières, voici poindre la ripisylve. Nous sommes là dans un « bois de rive » bordant le Grand-rhône. Une tour en bois fréquentée par des genettes [mammifère carnivore nocturne, N.D.L.R.] domine la « forêt ». Vers l’est coule le fleuve puissant, en direction d’une embouchure encore totalement sauvage. À l’ouest s’étendent les salins en activité, surmontés au loin par la silhouette du phare de Faraman. La Camargue, nue et intègre.
Domaine de la Palissade,
Route de la Plage-de-piémanson, 13129 Salin-de-giraud.
04 42 86 21 28. palissade.fr
Trois circuits pédestres : 1, 3 et
8 km. Visites libres ou guidées sur réservation. 3 € (gratuit pour les moins de 12 ans). En juillet-août, tournée matinale d’observation animale, chaque mardi (2 h 30, en véhicule, sur réservation. 4 personnes maximum). Exposition, boutique.