LESMOTSDE«LABAILLE»
Pour les marins, un amer est le point de repère, maritime ou terrestre, qu’il faut avoir avec exactitude dans son champ de vision si on veut suivre la route que l’on s’est tracée. Pour ne rien manquer des amers qui se dressent dans la presqu’île de Crozon, qui mieux que des aspirants (officiers en devenir) de l’école navale de Lanvéoc-poulmic («La Baille», dans l’argot de la Royale) pouvaient nous ouvrir la route. À l’écoute de leur chef d’étatmajor, le général d’armée François Lecointre, qui affirme «qu’il faut écrire, il n’y a pas d’autre chemin que l’écriture pour structurer ses réflexions, forger ses propres convictions, et mettre de la cohérence dans sa pensée d’action», cinq aspirants ont appareillé pour cette aventure littéraire. Épaulés par des «gradés» des Lettres, comme l’écrivain et journaliste Alain Jaubert, ou les poétesses Claude Clément et Françoise Lison-leroy, les «bordaches» (élèves officiers) naviguent au plus serré de l’émotion, l’imaginaire déployé comme on enverrait la grand-voile, et cap sur l’étrave ! Ça tire des bords et le voyage défile : le cimetière de bateaux à l’embouchure de l’aulne maritime, avec sa vigie, l’ancienne abbaye de Landévennec ; les alignements mégalithiques de Lagatjar ; le manoir de Coecilian où vécut Saint-pol-roux ; la pointe de Pen-hir et les Tas de Pois ; l’île aux Morts et l’île Trébéron, sans oublier «La Baille». Outre la qualité littéraire de ces essais et nouvelles, l’ouvrage séduit par sa réalisation (petite maison d’édition sise à Lille) et les dessins et aquarelles de l’artiste Fred Dedeycker.