Detours en France

DES «PAINS DE SUCRE» DU MÉZENC AUX SOURCES DE LA LOIRE

- Durée :

2 jours

IGN 1/25 000, «Gerbier de Jonc, Mézenc, Vivarais», 2836 OT

19 km. Niveau facile. 660 m de dénivelé.

21 km. Niveau moyen. 800 m de dénivelé.

C’est le premier château de la Loire : la forteresse d’arlempdes, dont les remparts couronnent un escarpemen­t rocheux surplomban­t le fleuve d’une centaine de mètres. Du château du bas Moyen Âge, il reste une muraille, une tour centrale, les vestiges des corps de logis et une minuscule

chapelle en pierre de lave rouge, soigneusem­ent restaurée. Cette spectacula­ire vigie des gorges rappelle que la haute vallée de la Loire, entre Languedoc et Velay, fut un axe de passage majeur. Les Romains n’y avaient-ils pas établi le camp d’antoune, en lieu et place d’un ancien oppidum gaulois ?

Sur l’autre rive débute notre randonnée au fil du GR3. Un sentier de très grande randonnée, puisqu’il parcourt quelque 1243 kilomètres de la source de la Loire, en Ardèche, jusqu’en Loireatlan­tique, où elle se jette dans l’océan. Nous n’en ferons qu’un tronçon, soit deux étapes et une quarantain­e de kilomètres, pour remonter jusqu’au lieu de naissance du plus long fleuve de France, au mont Gerbier-de-jonc.

LA SYMPHONIE DES ORGUES

À la sortie du village d’arlempdes, le GR flirte d’emblée avec la Loire bordée de saules. Sur près de deux kilomètres, une gravière ménage un sentier buissonnie­r, celui des pêcheurs, auxquels s’adresse tout de suite un panneau mentionnan­t les limitation­s en vigueur : «4 salmonidés, 4 truites, 0 ombre !» Le chemin ourle des champs de terre brune fraîchemen­t labourée avant de s’enfoncer dans un sous-bois humide, débouchant bientôt sur une petite clairière, où sont disséminée­s les quelques maisons du hameau de Largier. Mais la route

n’est pas loin. Nous la croisons à nouveau, le temps de lire l’altitude sur une vieille borne routière : 945 mètres. Bientôt, une ouverture dans la forêt laisse entrevoir au loin le plateau du Mézenc et ses sucs volcanique­s. Une topographi­e énigmatiqu­e, sculptée de monts arrondis surgis du fond des temps, qui composent le paysage autour du mont Gerbier-de-jonc que nous atteindron­s demain. Mais pour l’heure, nous faisons halte sur une croupe rocheuse, à Lafarre, pour apprécier, à l’écart du village, le dernier point de vue panoramiqu­e sur le fleuve depuis le haut des gorges. À l’est, des orgues basaltique­s et des pierriers façonnent les pentes qui descendent vers le fleuve. À l’ouest, le sommet de la tour de Mariac émerge à travers les frondaison­s. « C’est le vestige probable d’une maison forte dominant le premier “verrou” de la haute vallée de la Loire », nous explique Brice Arnaud, agent de développem­ent du Comité départemen­tal de randonnée pédestre qui nous accompagne. Brice est l’artisan de la revalorisa­tion du GR3. « L’ itinéraire existe depuis l’après-guerre, mais il était tombé dans l’oubli. Nous avons redéfini le tracé pour valoriser le patrimoine naturel et bâti, et recherché des hébergemen­ts respectueu­x de la nature et des haltes chez les petits producteur­s. En outre, pour accompagne­r les marcheurs, nous venons de réaliser le premier topoguide sur le parcours en Haute-loire et en Ardèche depuis le Gerbier-de-jonc», ajoute l’expert.

d’issarlès, perché à 1000 mètres d’altitude. Puis, après une pause contemplat­ive au belvédère situé au sud du lac, nous replongeon­s dans la forêt, avant de poser nos sacs, trois kilomètres plus au nord, à la ferme de La Louvèche. Nous sommes chez Stéphanie Coquart, jeune éleveuse de chèvres et de porcs, qui produit en famille fromages bio multimédai­llés et salaisons. « Je n’ étais pas destinée à ce métier, mais c’est la rencontre avec Daniel, mon mari, qui m’a amenée ici », raconte cette Ardéchoise qui participe depuis dix ans à l’opération «La France de ferme en ferme» pour faire connaître les coulisses de son quotidien.

Nous repartons en longeant les coulées de lave sombre du suc de Cherchemus­e, volcan de type strombolie­n encore exploité pour sa pouzzolane. Le plateau du Mézenc, océan de steppes fauves, nous tend les bras. Alors que le sentier s’extirpe de la forêt, toute l’âpre beauté d’un paysage de hautes terres se livre sans entrave au regard. Droit devant nous, le suc de Montfol (1594 m) et sa calotte pelée nous sert de point de repère. Au loin, le Mézenc, toit de la Haute-loire et de l’ardèche, culminant à 1753 mètres. Le sentier se faufile à travers champs jusqu’à la ferme de Chazalès et son toit en tuile corail. Tout près, nous franchisso­ns

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Installée à Louvèche, elle élève avec son mari 40 cochons et 80 brebis. Produits laitiers, fromages,
salaisons… tout est transformé à la ferme. Ci-contre. Situé à 1000 mètres d’altitude, le lac d’issarlès est un lac de cratère naturel de 5 kilomètres
de circonfére­nce et profond de 138 mètres. L’été, ses eaux d’une pureté exceptionn­elle accueille
de nombreux baigneurs.
Ci-dessus. Pour Stéphanie Coquart et son fils, c’est l’heure de rentrer les bêtes pour la traite. Installée à Louvèche, elle élève avec son mari 40 cochons et 80 brebis. Produits laitiers, fromages, salaisons… tout est transformé à la ferme. Ci-contre. Situé à 1000 mètres d’altitude, le lac d’issarlès est un lac de cratère naturel de 5 kilomètres de circonfére­nce et profond de 138 mètres. L’été, ses eaux d’une pureté exceptionn­elle accueille de nombreux baigneurs.
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entre l’atlantique et la Méditerran­ée, ce suc phonolitiq­ue de 8 millions d’années repose en effet sur une nappe phréatique.
C’est ici, au pied du mont Gerbier-de-jonc, que la Loire trouve sa source. Situé à cheval sur la ligne de partage des eaux entre l’atlantique et la Méditerran­ée, ce suc phonolitiq­ue de 8 millions d’années repose en effet sur une nappe phréatique.

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