Detours en France

ET MON TOUT FORME L’UNIQUE

- PAR RÉDACTEUR EN CHEF

On n’a souvent des Cévennes qu’une image fragmentée. Pour les uns, elles évoquent la mémoire protestant­e, socle d’une identité supposée forte et opiniâtre. Ou la culture du ver à soie, souvenir d’un labeur dont le paysage porte la trace – les magnanerie­s. D’autres y rattachent les fameux « épisodes cévenols », ces pluies torrentiel­les qui dévalent à l’automne des sommets de l’aigoual et s’écoulent dans les vallées gardoises par des torrents rendus fous – images tragiques de journaux télévisés, avec pompiers sauveteurs et habitants résignés. Certains songent au schiste cévenol et aux villages forteresse­s, agrégats de maisons rustiques plaqués en sentinelle­s sur des versants raides et boisés. D’autres, encore, y voient l’incarnatio­n d’une ruralité magnifiée, entre cultures immémorial­es (la châtaigne) et néoruraux bio. Quand ce n’est pas, enfin, le souvenir de l’épopée minière, lesté des combats sociaux menés avec ardeur dans le bassin houiller d’alès.

Ces réalités fractionné­es disent l’inconfort à « poser » une image globale des Cévennes. Bien que touristiqu­e, le territoire garde sa part de secret.

Trop intriqué pour se mettre entièremen­t à nu. Trop ancré pour s’ouvrir sans pudeur aux gens venus d’ailleurs. Trop « identitair­e » pour se fondre dans le modèle mondialisé. Entre unité géographiq­ue, histoire partagée et culture commune, ces poncifs, mis en équation, constituen­t pourtant l’architectu­re de son âme. Et en ces temps de pandémie où le retour à l’essentiel est prôné, les vertus et traditions cévenoles séduisent. Du mont Lozère aux frontières ardéchoise­s, de la Corniche aux « vallées enfermées », nous avons arpenté ces montagnes et thalwegs, livrant ici le fruit de nos voyages, entre coups de coeur humains et bonheurs naturalist­es. Pour « comprendre la Cévenne », disait Jean-pierre Chabrol, icône de la littératur­e cévenole, « il faut avoir passé le doigt sur le grain de ces pierres ; après, tout ce qu’on touche n’a plus l’air vrai ». Si ce n’est pas la définition d’un authentiqu­e terroir…

DOMINIQUE ROGER

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on peut suivre le « chemin de Stevenson », itinéraire emprunté par l’auteur de L’île au Trésor
en 1878.
Une balade au milieu des beautés granitique­s et des allées bordées de bruyères sur cette portion du GR70.
Dans le massif du mont Lozère, culminant à 1 567 mètres d’altitude, on peut suivre le « chemin de Stevenson », itinéraire emprunté par l’auteur de L’île au Trésor en 1878. Une balade au milieu des beautés granitique­s et des allées bordées de bruyères sur cette portion du GR70.
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