LE MONT LOZÈRE
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Carte IGN Top 25, n° 2739 OT, Mont Lozère/florac/parc naturel des Cévennes. Le chemin de Stevenson correspond au GR70.
« Après l’avoir longtemps désiré, je fus surpris quand mon regard porta enfin au-delà du sommet. Un simple pas (…) et voilà que (…) je prenais possession (…) d’un nouveau pan du monde. Et à la place du vaste rempart herbeux que je venais de
gravir pendant si longtemps, la vue s’ouvrait sur l’air brumeux du paradis, avec à mes pieds un pays de collines bleues entrelacées. » C’est par ces phrases que Robert Louis Stevenson décrit, dans Voyage avec un âne dans les Cévennes, son
arrivée, le 29 septembre 1878, au sommet de Finiels, point culminant du mont Lozère et frontière naturelle entre les Cévennes septentrionales et méridionales. Au huitième jour de son périple, son âne Modestine toujours à ses côtés, Stevenson a l’intuition de toucher du doigt l’âme du territoire. « En principe, j’étais déjà en Cévennes au Monastier et durant tout mon voyage. Mais, au sens strict, seul le pays troublé [par la guerre des Camisards, ndlr] et broussailleux qui était à mes pieds porte ce nom (…). Ici sont les Cévennes par excellence : les Cévennes des Cévennes. » La première partie de son itinérance l’a initié aux réalités rurales et aux confrontations religieuses dont le territoire a été l’objet. Peu flatteur sur le septentrion cévenol, « peuplé d’une engeance ennuyeuse, sans forêt, aux reliefs sans grandeur et peu réputé sinon pour ses loups », il trouve ici matière à exciter son intérêt pour l’histoire,
Dans la nuit du 24 juillet 1702, des hommes armés arrivent au Pont-de-montvert et forcent la maison de l’abbé du Chayla, bras droit de Nicolas Lamoignon de Basville, intendant du roi en Languedoc chargé de traquer les protestants. Ils mettent le feu à la maison et assassinent le prélat. Ce meurtre va déclencher une répression féroce et signer le début de la guerre des Camisards. lui le protestant écossais. « On m’avait dit que le protestantisme avait survécu dans cet avant-poste de la résistance (…). Qu’allais-je trouver sur cette terre de persécutions et de représailles? » En attendant, ce qu’il trouve en cette matinée d’automne, après avoir passé la nuit à la belle étoile, c’est une « ascension sur une herbe rase » et la chaleur du sud. Cent quarante-deux ans et des tensions religieuses apaisées plus tard, rien n’a changé ou presque dans ce coeur des Cévennes… En décidant d’effectuer un bout de chemin comme le fit le romancier d’édimbourg, nous avons été mis en contact avec Le Mas des Ânes, un prestataire basé en Ardèche et spécialiste de la location d’ânes sur l’itinéraire Stevenson. Marie-ange Benoit, sa responsable, est venue en personne nous accompagner. Elle a amené Rebelle, dite « Bellou », une ânesse de Provence à la robe grise, son fils Hugo, sa petite-fille Mélodie et sa fille Doriane. Avec le photographe et une amie, nous comprenons vite les obligations qu’exige l’animal. Brossage, nettoyage des sabots, pose du licol, mise en place du bât… chaque matin, l’âne réclame sa part de travail. C’est indispensable si l’on veut éviter les petites blessures et les humeurs parfois inflexibles de notre nouveau compagnon à quatre pattes.
L’ÂNE, FAUSSE RÉPUTATION DE TESTARD?
Le livre de Stevenson contient maintes situations tragicomiques décrivant les relations orageuses ou apaisées qu’il entretient avec Modestine. Entre les hésitations sur le mode de chargement et le temps d’adaptation pour installer la connivence entre maître et animal,