CHÂTEAU DE SERRANT,
L’ÉCRIN DES TRÉSORS
Cela fait près de vingt-cinq ans que la princesse vit au château avec son époux. Si elle n’a pas de souvenirs d’enfance dans ces pièces richement parées, elle est l’un des maillons d’une longue chaîne surprenante :
« le château s’est transmis par les femmes », explique-t-elle. Parmi les grandes familles qui marquèrent les lieux, notons les Brie, les Bautru, les Walsh (qui rachetèrent le domaine) et enfin les de la Trémoille dont descendent les actuels propriétaires. Depuis le cygne au coeur percé d’une flèche de la grille d’honneur, symbole des Irlandais en exil qui évoque les Walsh, jusqu’aux nombreux portraits qui parent les murs, les lignées successives laissèrent leur marque et un patrimoine mobilier extraordinaire qui fait la renommée du lieu. L’héritage le plus touchant du château est peut-être celui constitué par l’arrière-arrière-grand-père de la princesse. « C’était un voyageur en chambre, un passionné de géographie », raconte-t-elle. Son trésor est à l’abri dans la seule bibliothèque privée classée monument historique en France. Les livres se déploient sur sept mètres de haut. L’on remarque parmi eux des joyaux tels que la Description de l’égypte, par les savants qui accompagnèrent Bonaparte ainsi qu’une première édition originale de L’encyclopédie, de Diderot et d’alembert. Ils côtoient des romansfleuves qui durent égayer les soirées de précédents locataires. Ils furent reliés avec le plus grand soin et témoignent de la vie qui ne cessa d’occuper ce château privé.
Le château de Serrant
49170 Saint-georges-sur-loire. 0241391301. chateau-serrant.net
À l’époque médiévale, le château faisait partie
d’une ligne qui protégeait le passage nord de la Loire.
Pendant la Renaissance, le bâtiment fut rasé et les plans du nouveau château furent confiés au grand Jean Delespine, figure incontournable de la première Renaissance angevine. Un revers
de fortune arrêta les travaux et le château ne fut terminé qu’en 1740. On note néanmoins une étonnante homogénéité. « Il a été exécuté sur deux
cents ans, il y a plusieurs maîtres d’oeuvre, mais Guillaume de Bautru a choisi d’utiliser les mêmes plans que Delespine, sans ajouter de fantaisie. Grâce à cela,
il y a une belle unité », décrypte la châtelaine.