Detours en France

VILLE D’ART

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Son charme naturel ne saurait faire oublier la richesse de son patrimoine culturel : labellisée « Ville d’art et d’histoire » depuis 1986, Angers met en valeur son héritage dans plusieurs de ses monuments emblématiq­ues, dont il faut aller pousser les portes… Sachez où chercher, et vous trouverez quelques pépites.

LA TAPISSERIE DE L’APOCALYPSE, LE TRÉSOR DE LA VILLE

Elle est un bien unique au monde, précieusem­ent conservée dans une galerie en sous-sol du château d’angers. Tissée à partir de 1375 à la demande de Louis Ier d’anjou, la Tenture de l’apocalypse impression­ne par ses dimensions – un peu plus de 100 mètres de long sur 4,5 de haut –, et par son esthétique avant-gardiste, ancêtre de la bande dessinée moderne. À sa création, la tapisserie se divisait en 84 scènes, dont 67 sont parvenues jusqu’à nous. Toutes, à l’origine, étaient légendées, mais les bandes de texte ont aujourd’hui disparu. Des inquiétant­es « Myriades de cavaliers » anglais surgissant sous les yeux de saint Jean à l’apparition de la « Jérusalem nouvelle », en passant par le combat de l’archange saint Michel contre les dragons de Satan… Le récit de l’apocalypse – inscrit dans le contexte de la guerre de Cent Ans – se lit ici à grande échelle.

Et l’histoire ne se termine pas là. Au xxe siècle, le peintre Jean Lurçat en a réécrit sa propre version. Pour la découvrir, rendez-vous au musée qui lui est dédié, dans l’ancien hôpital Saint-jean, situé dans le quartier de la Doutre.

UN DRÔLE DE MONDE

Jean Lurçat découvre la Tenture de l’apocalypse en 1938. Dix-huit ans plus tard, il entame la réalisatio­n de son propre Chant du monde, le pendant moderne de cette tapisserie médiévale. Il y réinterprè­te le propos spirituel de l’apocalypse pour l’ancrer

dans son époque : le cruel xxe siècle. À travers des dessins brutaux et poétiques à la fois, dont les tons lumineux tranchent sur un fond noir, l’oeuvre évoque la menace nucléaire et le chaos auxquels le monde est en proie, avant de symboliser la renaissanc­e de l’homme et de l’univers. En 1966, Jean Lurçat perd la vie sans l'avoir achevée : elle ne compte que dix tapisserie­s sur les quinze prévues. Conforméme­nt au voeu de son auteur, cette tenture contempora­ine, véritable message de paix, est aujourd’hui exposée dans la même ville que sa grande soeur.

DE LA CITÉ À LA MAISON D’ADAM

Entre le château et la cathédrale Saint-maurice, les ruelles tranquille­s de la cité historique s’offrent à qui aime flâner à l’ombre d’immeubles de cachet. Les riches maisons canoniales en pierre se succèdent jusqu’au centre-ville où, au chevet de la cathédrale, se découvre l’une des plus belles demeures médiévales d’angers.

Sur la place Sainte-croix autrefois cernée de maisons à pans de bois, la seule à subsister de l’ancien quartier commerçant est la maison d’adam, datant de 1491. Observez les personnage­s sculptés dans le bois qui courent le long de la façade à six étages – dont l’espiègle « Tricouilla­rd », caché côté rue Montault –, et le pommier qui a poussé à l’angle du bâtiment et lui a donné son nom.

Depuis 1992, l’édifice abrite la Maison des Artisans, où sont exposés et vendus des milliers d’objets d’art, de décoration, de mode, etc. Si vous aimez chiner dans pareille caverne d’ali Baba, vous raffolerez certaineme­nt d’une autre curiosité, qui se trouve à trois petites minutes à pied…

avant de connaître ses années de gloire au xve siècle sous les auspices du « bon roi René » (photo : buste du roi René, de David d'angers). Duc d’anjou, comte de Provence, roi de Naples et de Sicile, il contribua au développem­ent de la ville en embellissa­nt le château, en bâtissant maisons et manoirs alentour, en ouvrant la voie à la longue tradition horticole de la région et en favorisant le développem­ent des arts dans ce pays qui verra naître du Bellay,

David d’angers, Julien Gracq ou encore Coco Chanel…

PASSAGE OBLIGÉ

Blottie entre la bibliothèq­ue municipale et le musée des Beaux-arts, la galerie David d’angers met en lumière, au sens propre, le travail du sculpteur

angevin Pierre-jean David (17881856). Installée dans l’ancienne abbatiale Toussaint, bâtie au

siècle, l’exposition contribue réciproque­ment à mettre en valeur ce lieu étonnant. Depuis les années 1980, une grande verrière a remplacé la voûte de l’église qui s’était effondrée après la Révolution, et les vitraux sont devenus de hautes baies vitrées ; c’est dans une atmosphère

éblouissan­te de clarté que sont présentés les plâtres d’atelier de l’artiste. Dans la nef de l’église, on retrouve le fronton du Panthéon, les modèles des statues de Gutenberg à Strasbourg, d’ambroise Paré à Laval, de Jean Bart à Dunkerque… – à Angers, on lui doit la statue du Bon Roi René qui s’élève au pied du château. L’artiste signe aussi une impression­nante collection de bustes et de médaillons en bronze à l’effigie de personnage­s illustres du siècle, présentés dans l’ancien choeur de l’église. Amateurs de belles lettres et autres âmes romantique­s, voici l’occasion unique de vous trouver nez à nez avec Balzac, Lamartine, Goethe ou Victor Hugo.

Ce sont les mots d’émile Joulain (1900-1989), écrivain et poète patoisant de l’anjou qui consacra un livre à ce jeu régional. Si ses origines sont incertaine­s, on le pratiquait certaineme­nt déjà au xviie siècle. Il s'agit de lancer une boule méplate d’environ 13 cm de diamètre, possédant un côté faible et un côté fort (plus lourd, et sur lequel elle retombera le plus souvent), sur un terrain incurvé de 22 à 30 m de long pour 6 à 8 de large afin de toucher le « maître », aussi appelé « boulot » ou « petit », tel le cochonnet de la pétanque.

 ?? ?? Réalisé à partir de 1957, Le Chant du monde, de Jean Lurçat, est un remarquabl­e ensemble composé de dix panneaux de tapisserie­s, inspiré par la Tenture de l’apocalypse, exposé au Musée Jean-lurçat, situé dans l'ancien hôpital Saint-jean à Angers.
Réalisé à partir de 1957, Le Chant du monde, de Jean Lurçat, est un remarquabl­e ensemble composé de dix panneaux de tapisserie­s, inspiré par la Tenture de l’apocalypse, exposé au Musée Jean-lurçat, situé dans l'ancien hôpital Saint-jean à Angers.
 ?? ?? Saint Michel combat le dragon, troisième pièce, scène 36 de la Tenture de l'apocalypse, la plus ancienne et monumental­e tapisserie conservée de l'époque médiévale.
Saint Michel combat le dragon, troisième pièce, scène 36 de la Tenture de l'apocalypse, la plus ancienne et monumental­e tapisserie conservée de l'époque médiévale.
 ?? ?? Située à côté de la cathédrale, la maison d'adam à pans de bois (fin du xve siècle) est un chef-d’oeuvre de charpenter­ie doté de deux splendides façades sur six niveaux et d'admirables décoration­s sculptées de personnage­s religieux, d'animaux fantastiqu­es ou encore de motifs naturalist­es.
Située à côté de la cathédrale, la maison d'adam à pans de bois (fin du xve siècle) est un chef-d’oeuvre de charpenter­ie doté de deux splendides façades sur six niveaux et d'admirables décoration­s sculptées de personnage­s religieux, d'animaux fantastiqu­es ou encore de motifs naturalist­es.
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historique d'angers, abrite de très belles demeures (du xiiie au xviiie siècle) ainsi que l'ancienne église Saintaigna­n du xiie siècle, témoins de la richesse architectu­rale de la ville.
La rue Saint-aignan, dans le quartier historique d'angers, abrite de très belles demeures (du xiiie au xviiie siècle) ainsi que l'ancienne église Saintaigna­n du xiie siècle, témoins de la richesse architectu­rale de la ville.
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 ?? ?? Une impression­nante collection d'oeuvres du sculpteur Pierre-jean David (1788-1856) est exposée depuis 1984 dans l’ancienne abbatiale Toussaint (xiiie siècle).
Une impression­nante collection d'oeuvres du sculpteur Pierre-jean David (1788-1856) est exposée depuis 1984 dans l’ancienne abbatiale Toussaint (xiiie siècle).
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 ?? ?? Lors de l'audacieuse restaurati­on de l'abbatiale Toussaint, a été ajoutée une verrière sous laquelle est notamment exposée l'oeuvre Tombeau du général
Bonchamp (1833, d'après la statue conservée à Saint-florent-le-vieil).
Lors de l'audacieuse restaurati­on de l'abbatiale Toussaint, a été ajoutée une verrière sous laquelle est notamment exposée l'oeuvre Tombeau du général Bonchamp (1833, d'après la statue conservée à Saint-florent-le-vieil).
 ?? ?? Mezzanine de la galerie où sont alignés les bustes de Goethe, Hugo, Arago, etc., de l'artiste angevin.
Mezzanine de la galerie où sont alignés les bustes de Goethe, Hugo, Arago, etc., de l'artiste angevin.

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