MAXPANNIER, FÛTREAUX AU BOUT DU RABOT
DES
Pousser les portes d’un atelier de charpenterie de marine, c’est déjà accomplir un voyage olfactif. L’odeur des essences d’arbres (chêne, pin douglas), l’étoupe, cordelettes de lin ou chanvre, mêlée au goudron pour calfater les interstices entre les planches de la coque ou du pont; l’huile de lin, la térébenthine, le vernis, le galipot… Sous le hangar de son chantier naval, Max Pannier est à l’ouvrage. Herminette en main, il dégrossit une pièce de bois, bordé en devenir d’un fûtreau en commande. Max, nous l’avions rencontré lors de la mise à l’eau de La Confluence, superbe toue cabanée immatriculée à Nantes.
LES ORFÈVRES DE LA VOILE
Depuis, la flottille Pannier s’est étoffée (par exemple La Nonchalante, réplique d’un chaland du xviiie siècle). Pour cet orfèvre des rabots, tarières, bec-de-corbin et autres mailloches, l’aventure a commencé dans les années 1990, lorsque s’est amorcé, sous la houlette du chasse-marée, un renouveau de la voile traditionnelle et des bateaux de travail. Il prend la suite de Guy Brémard, l’une des références de la charpenterie de marine ligérienne aux côtés de François Baudouin (chaland de Loire
La Montjeannaise), Jacques Robin (gabare Pascal-carole) ou de François Ayrault (toue cabanée Val de Vienne). « C’est quoi un bon charpentier de bateau? D’abord, il faut être passionné, être techniquement adroit de ses mains et avoir cette capacité à concevoir, à visualiser et à projeter une image globale du bateau et de ses formes. Par exemple, façonner des bordés n’est pas qu’un geste technique issu de l’expérience et d’un savoir-faire, il y a aussi une question de feeling, de jugement. Bref, l’oeil doit fonctionner de pair avec la main. » Outre de grands chantiers en perspective, Max Pannier honore de plus en plus de commandes de particuliers, tentés de naviguer en père peinard à bord de confortables toues cabanées.