CRÊT DE CHALAM
Le départ se fait au parking de la Borne-au-lion, sur la commune de Chézery-forens. Érigée en 1613, la borne marquait autrefois la frontière entre la France, la Franche-comté (qui dépendait alors de l’espagne) et la Savoie. Les écussons, hélas très effacés, montraient le lion de Franche-comté, les trois lys du royaume de France et la croix de Savoie. Aujourd’hui, la vieille borne marque la frontière entre les départements du Jura et celui de l’ain, où se trouve le crêt de Chalam que nous nous apprêtons à gravir. Les épicéas cachent la vue durant toute l’ascension, mais au sommet (1 545 m), la surprise est de taille : un panorama sublime s’ouvre sous nos yeux. Voici les monts du Jura
(la Dôle, le crêt de la Neige, le Reculet), la chaîne du Mont-blanc en arrière-plan, mais aussi les massifs de la Chartreuse et de Belledonne, sans oublier les monts du Bugey ! En regardant vers l’ouest, on comprend l’étagement en escalier des plateaux du Jura. À nos pieds s’étendent deux combes parallèles qui s’allongent en direction de
Lajoux : nous allons justement y cheminer à pied en formant une belle boucle oblongue. Mais avant de redescendre, il faut se remplir les yeux de ce paysage doux de monts et de vaux, façonné dès le Moyen Âge par les moines défricheurs de Saint-claude. Des fermes dispersées, bâties en hauteur pour échapper au froid, ponctuent le paysage. Derrière une de ces fermes aux tavaillons déchiquetés, on aperçoit le crêt du Merle. Allons-y! Nous redescendons par le même chemin, qui passe par le col de l’encoche (l’aller-retour nous aura pris une heure et demie).
MÉMOIRE DE GUERRE
Repassant devant la borne au Lion, un mémorial rappelle le souvenir du maquis de l’ain et du Jura, haut lieu de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1943 et 1944, 3000 hommes des maquis se sont réunis en ces lieux pour combattre les troupes allemandes. Chaque année, un rassemblement du souvenir se tient en juillet. Nous avons rejoint la combe qui s’étire paresseusement, alternant prairies verdoyantes et forêts d’épicéas à la robe vert foncé. Bientôt l’emprise de la forêt se resserre. Un petit crochet (100 m de dénivelé) nous mène au crêt au Merle (1448 m). Puis nous continuons jusqu’à l’ancienne école des Closettes, austère construction de pierre isolée sur son mamelon.
On songe au temps, pas si lointain, où l’instituteur faisait classe aux enfants de la combe, prenant pension dans une ferme voisine et partageant les conditions de vie des familles paysannes. Le chemin est plus « roulant » tandis qu’on traverse la forêt de la Bretta en direction de la Guienette. À la Mignotte, le chemin quitte les résineux et bifurque vers le col des Salettes. Nous sommes alors au milieu de notre boucle. Le sentier, qui rejoint le GR509 (Grande Traversée du Jura), nous fait longer une autre combe, celle de Malatrait. En chemin, toujours cette ambiance intimiste de combe zébrée de murets de pierre, alternant prés et forêts,
Ici et là, des fermes caparaçonnées de tôle galvanisée ou de tavaillons sont tournées dans le sens des vents dominants (qui correspond à l’axe de la combe) afin de se protéger des rudesses de l’hiver et d’éviter l’accumulation de neige sur les toits. Après le Berbois, le chemin rejoint notre point de départ.