RECULET ET CRÊT DE LA NEIGE :
La Valserine est encore sauvage quand elle passe à Lélex, notre point de départ. Bien chaussés, sac au dos, pique-nique bien emballé et gourde remplie à ras bord, nous longeons un ancien lac glaciaire, désormais asséché. Après le pont du Niaizet, nous piquons à droite vers le plat des Menues et traversons une route goudronnée: l’ascension peut commencer. Le sentier grimpe sec dans le sous-bois. La présence des myrtilliers, le chant aigu d’un roitelet nous donnent un peu d’allant. Bientôt, des soldanelles apparaissent : ces fleurs à clochettes violettes frangées indiquent que la neige a fondu il y a peu de temps.
Des bois morts font des chandelles, utilement investies par la chouette chevêchette ou le pic tridactyle, reconnaissable à sa calotte jaune. Quittant la forêt de hêtres, épicéas et sapins, nous atteignons des espaces plus ouverts. C’est ici que vivent la gélinotte des bois et le grand tétras. Ce dernier a disparu des Alpes. Ici, il peut compter sur les zones de quiétude pour vivre sans stress. Ici et là, des pins à crochets, reliques glaciaires que l’on retrouve habituellement en Scandinavie, font leur apparition.
SUR LA LIGNE DE CRÊTE
Bientôt, le Reculet (1 718 m) apparaît, coiffé de sa croix en fer forgé. On l’atteint en traversant quelques névés, plaques blanches parmi des tapis de jonquilles. L’altitude a modifié le cycle des saisons: en plaine, les jonquilles apparaissent en mars, ici il faut attendre fin mai! En été, on croise sur ces pentes des troupeaux de moutons gardés par des patous vigilants. Des goyas (trous d’eau aménagés par l’homme) servent à abreuver les génisses et les brebis montées en estive. En haut du Reculet, un panorama grandiose se déploie, justifiant un long arrêt pique-nique. Sous nos yeux, la cluse du Rhône, Genève et son jet d’eau, le Salève au pied du lac Léman qui s’étend de tout son long (on voit bien sa forme arquée)… Le Mont-blanc sort enfin des nuages. Plus loin, les Alpes bernoises. Par temps dégagé, le regard porte même jusqu’au massif des Écrins, la Jungfrau, le Vercors
et la Vanoise. Pas de grand tétras à l’horizon (l’animal est du genre secret), mais quelques chamois qui jouent dans les rochers. Le Reculet est un des sommets qui s’alignent sagement le long d’une ligne de crête. Comme nous suivons celle-ci vers le nord, le panorama se dédouble: d’un côté, les Alpes aux cimes majestueuses, minérales et puissantes, de l’autre le relief plus doux, verdoyant, féminin du Jura. À nos pieds, des gentianes printanières à l’hélice bleu électrique, mais aussi des plantes alpines sur les pentes des sommets dénudés, tel cet edelweiss, qui ne devrait pas avoir sa place dans le Jura! Bientôt, des combes profondes et étroites forment de petits canyons insolites, tapissés de genévriers. Les pins à crochets font de jolies boules vert foncé. Certains ravins sont encore comblés de neige. Le chemin, qui a rejoint le GR Balcon du Léman, ondule plaisamment d’un crêt à l’autre. Les pins voilent et dévoilent la chaîne des Alpes, comme dans un jeu de cache-cache. Une petite montée grimpe enfin au crêt de la Neige (1720 m), point culminant
Elle a pour cadre la réserve de la haute chaîne, une des régions les plus arrosées de France. On se trouve dans la partie la plus alpine du massif, avec des portions à plus de 1000 mètres de dénivelé, mais aussi dans la partie méridionale du Jura, qui continue plus au sud jusqu’au lac d’aiguebelette! Montez au Reculet, c’est un balcon sur le Mont-blanc et les sommets alpins. En tout,
plus de 250 kilomètres d’alpes sous les yeux!
Quelle flore observe-t-on?
Les pins à crochets font l’âme du massif. On les reconnaît
à leur taille assez rabougrie et à leurs cônes portant des écailles en forme de crochet. Plus généralement, on rencontre une mosaïque de microbiotopes: hêtraie,
pelouses alpines, canyons rocheux…
Quelques conseils?
Montez au Reculet le soir du 1er Août (fête nationale suisse) et du 14 Juillet pour admirer les feux d’artifice le long du lac Léman. Attention aux orages de fin de journée en été. Partez tôt pour les éviter. Le brouillard peut aussi envahir
les crêtes: soyez attentifs aux bornes de balisage. du Jura. Le sommet est volontiers fréquenté par les Genevois qui, côté suisse, peuvent s’en approcher par une remontée mécanique. De là-haut, on aperçoit le Reculet, solitaire, et tous les autres sommets le long de la crête: la Dôle (1677 m), le Colomby de Gex (1689 m) et le Petit Montrond (1524 m). La randonnée sur les hauteurs prend fin: il est temps de redescendre à travers les épicéas et les hêtres. En 1h35 de pente facile, nous avons rejoint Lélex.
Durée : Distance : Niveau de difficulté :
7 heures
18 km
Pas de difficulté technique, mais il faut être en bonne forme pour avaler les plus de 1000 m de dénivelé. Soyez vigilant lors des passages pierreux.
N° 3328 OT Crêt de la Neige / Oyonnax / Lélex / PNR du Haut Jura
Suivre le balisage jaune.
Carte IGN :
Conseils pratiques :
Réglementation de la Réserve naturelle :
Rester sur les sentiers. Cueillette, feu, collecte de fossiles ou de minéraux, et chiens (même tenus en laisse) sont interdits. L’accès aux zones de quiétude de la faune sauvage est réglementé en fonction des périodes. Plus d’informations sur
rnn-hautechainedujura.fr