Detours en France

CHARLES BERLING

Comédien, metteur en scène, directeur de la Scène nationale Châteauval­lon-liberté, Charles Berling a retrouvé la ville de son enfance.

-

Vous avez grandi à Toulon.

Quels souvenirs ont marqué votre jeunesse dans cette ville ?

Je suis arrivé à Toulon à l’âge de 3 ans, car mon père était médecin de marine. Plus tard, son métier nous a emmenés en Polynésie française, mais c’est ici que j’ai passé mon adolescenc­e. Toulon reste aussi pour moi la ville du retour d’algérie de mes cousins dans les années 1960. C’est une ville portuaire ouverte aux influences: celle de l’italie et, bien sûr, celle de la Marine. Je sais reconnaîtr­e les familles de marins. Le rugby a aussi marqué ma jeunesse: j’étais demi de mêlée au stade Mayol.

Qu’aimez-vous dans le Var ?

Le soleil du Midi, la lumière, la mer me manquent quand je suis loin d’ici. Je vis désormais dans la région, à Carqueiran­ne, entre Toulon et Hyères. J’ai un voilier au port de la Seyne-sur-mer. Quand je peux, en fin de journée, je largue les amarres pour Porqueroll­es où je passe la nuit au mouillage. Quand j’étais jeune, je piquais le bateau de mes parents pour m’échapper vers les îles d’hyères. Dans l’arrière-pays, j’aime les épaisses forêts de chênes-lièges des Maures autour de Collobrièr­es, les couleurs de la terre du blanc à l’ocre, la roche calcaire qui affleure dans l’immensité du vert. Et l’authentici­té des gens d’ici me parle. Le public est populaire, sincère. Les artistes qui se produisent sur nos scènes apprécient cette vérité-là.

Qu’est-ce qui a motivé votre retour dans le Sud en 2010 ? J’ai découvert le théâtre à l’âge de 15 ans en jouant au sein de l’atelier théâtre, créé par mon frère aîné Philippe Berling, au lycée Dumont-d’urville. À cette époque, il n’existait pas de scène culturelle florissant­e à Toulon. Pour satisfaire notre curiosité culturelle, il nous fallait aller à Nice ou à Marseille. Et pour se former, il fallait partir. Je suis donc parti, mais j’ai gardé un lien étroit avec la ville et le Var. En 2010, quand la municipali­té a décidé de transforme­r en théâtre cet ancien cinéma niché dans un immeuble du second Empire, au coeur de Toulon, je voulais faire partie de l’aventure. Nous avons pris la direction du Théâtre Liberté avec mon frère Philippe et mis notre empreinte dans la conception même du bâtiment. Un lieu nous fascinait : Châteauval­lon, une scène mythique imaginée en 1964 par Simone et Henri Komatis,

Charles Berling est né à Saintmandé en 1958. Après une enfance à Toulon et en Polynésie française, il suit une formation de comédien à l’insas, à Bruxelles, puis intègre la Compagnie des Mirabelles.

Le public le découvre dans le film Ridicule, de Patrice Leconte.

Publie son premier roman

Aujourd’hui, maman est morte

(éd. Flammarion). Ouverture du Théâtre Liberté à Toulon, dont il assure la direction avec son frère.

En tournée pour Les Parents terribles, de Jean Cocteau. Il joue aussi Fragments

au Festival OFF d’avignon, pièce qu’il a cocréée avec Bérengère Warluzel d’après Hannah Arendt.

Novembre 2022 :

À l’affiche du film de Nicolas Bedos,

Mascarade.

Colette et Gérard Paquet. En 2015, les deux théâtres ont été réunis après avoir obtenu le label de scène nationale. La culture est un vecteur important de la renaissanc­e de Toulon.

Depuis 2020, vous assurez seul la direction de Châteauval­lon-liberté. Quels sont vos projets ?

Il faut adapter ces lieux au monde d’aujourd’hui, favoriser la pluridisci­plinarité, faire de l’espace culturel un lieu de rencontres et de partage. La culture a aussi un rôle à jouer dans la transition écologique. À Châteauval­lon par exemple, nous avons consacré une journée au rapport du public à l’écologie. Pendant le festival d’été, les collines alentour deviennent le théâtre de balades nocturnes dans les bois et d’interventi­ons autour du thème de la nature.

Dans un autre registre, Théma est un événement trimestrie­l que nous créons pour solliciter la pensée et le débat. Ene2020 et 2021, Passion Bleue, le 37 Théma, était consacré à la mer, un bien public que nous devons préserver et qui façonne la ville de Toulon. Artistes, scientifiq­ues, navigateur­s, explorateu­rs et décideurs politiques se sont rencontrés et ont créé sur nos deux scènes et dans la ville. Des oeuvres éphémères ont vu le jour, comme la fresque murale de l’artiste Michael Beerens sur le port ou l’installati­on monumental­e de Tadashi Kawamata avec des épaves de bateaux. Un nouveau rendez-vous, le temps d’un week-end, est prévu en avril.

Quels lieux affectionn­ez-vous le plus ? La présence de la Marine a préservé le littoral toulonnais et j’aime naviguer le long de ses côtes. À Carqueiran­ne, il existe encore des terrains agricoles. Porqueroll­es me tient particuliè­rement à coeur, même si l’île va devoir réfléchir à son avenir dans un contexte de surfréquen­tation touristiqu­e… Il y a également le domaine du Rayol, véritable pépite paysagère conçue par Gilles Clément, une sommité sur le lien de l’homme à la nature. À Toulon, j’adore l’ambiance du cours Lafayette les jours de marché, le parfum maritime du fort Saint-louis au Mourillon, mais aussi le côté populaire de la plage des Sablettes. Ici, on n’est pas à Saint-tropez.

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France