PORQUEROLLES,
« Certains endroits plus que d’autres prédisposent à la contemplation d’oeuvres, aux pensées nouvelles, aux rencontres. Pour exposer des pièces d’art contemporain, mon collectionneur de père a souhaité un lieu déconnecté du quotidien.
Et quoi de plus déconnecté qu’une île, seulement accessible par bateau ? » C’est ainsi que Charles Carmignac justifie le choix d’avoir installé à Porquerolles le centre d’art de la Fondation Carmignac. Notre rendez-vous avec le jeune directeur se déroule dans les jardins de cette villa culturelle située dans la plaine de la Courtade, dans l’est de l’île, entre les vignes et les pins parasols. « Porquerolles, c’est une forêt en pleine mer avec une attention forte portée au vivant », poursuit le quadragénaire. La Fondation Carmignac voit d’ailleurs dans la nature un espace avec lequel les oeuvres entrent en résonance. Charles Carmignac a découvert Porquerolles en 2016 et a vécu sur l’île en hiver « quand on y croise des âmes sensibles ». Désormais, il y vit presque la moitié du temps, avouant un lien quasi mystique avec l’île. « Je cultive ici un rapport spirituel à la nature et au vivant », révèle celui qui aimerait disséminer un peu partout sur Porquerolles des oeuvres de land art réalisées avec des matériaux naturels.
AU RYTHME DES SAISONS
Depuis la Villa Carmignac, nous empruntons le chemin de Notre-dame pour rejoindre le village. Près de la plage de la Courtade, des eucalyptus exhalent un parfum camphré qui nous escorte quelque temps avant notre arrivée au port. De parfum justement il en est question avec Guillaume Bilbault, installé dans ce qui est la plus petite microbrasserie de France, soit 21 mètres carrés au-dessus du magasin de fournitures de bateau tenu par sa compagne porquerollaise. « Je suis originaire de Giens et j’ai travaillé quinze ans sur l’île comme saisonnier. Le projet de la brasserie est né de l’envie de venir vivre à l’année à Porquerolles et d’un goût pour l’élaboration de vins et de bières. Nous aimons voir les saisons passer à travers l’île. L’été, nous travaillons beaucoup, avec une vie sociale entre parenthèses. L’hiver marque le temps des retrouvailles avec les copains, autour de grandes tablées. Nous sommes de nombreux jeunes à vivre ici. On ne s’invite pas, on passe chez les uns et chez les autres. C’est la vie d’une grande famille posée sur un petit caillou », analyse-t-il. Ses bières blonde et ambrée sont brassées avec des herbes sauvages dénichées