BLEU COMME L’OCÉAN
Saint-pierre-en-port marque le début de l’itinéraire. Il faut quitter à regret cette belle valleuse accessible en voiture.
La plage de galets est encadrée par deux pans de falaises encore coiffés de bois qui se maintiennent en équilibre au-dessus de la mer. Les premiers kilomètres donnent le ton. Le sentier en sous-bois se dresse brutalement et ne retrouve la pleine lumière qu’au sommet du plateau. Une longue portion s’engage à travers champs. En ce début juillet, les dernières fleurs de lin éclosent pour quelques heures. Sur certaines parcelles, les tiges jaunies ont déjà été couchées au sol pour le rouissage. C’est une étape cruciale de la culture. Pour une durée assez variable pouvant aller jusqu’à trois mois, ce sont le soleil et les pluies qui vont « rouir » la fibre à l’aide des micro-organismes présents dans le sol. Si tout va bien, les liniculteurs récolteront une fibre soyeuse et assez résistante pour subir teillage, peignage et filage… Votre belle chemise de lin est peut-être née sur ce plateau. La Seine-maritime cultive le plus gros des 95 000 tonnes de lin cultivées en France, premier pays producteur !
ESPACE NATUREL SENSIBLE
Au terme de ce grand bout droit, la valleuse d’életot se profile. Une échancrure s’ouvre dans la falaise mais il s’agit d’une valleuse perchée. L’accès à la
Valleuse perchée à la faune remarquable et route champêtre délicatement fleurie, le premier tronçon de notre itinéraire s’avère riche en décors aussi variés que splendides. Sans perdre de vue la destination du jour : Fécamp.
mer est devenu très périlleux car l’escalier de béton est aujourd’hui fragilisé. Frustration ? Non, car la valleuse boisée est classée Espace naturel sensible. C’est un excellent belvédère pour observer la faune et, surtout, le ballet aérien des goélands, fulmars et faucons pèlerins. Pour sortir de la valleuse, il suffirait de gravir le flanc opposé. Mais le balisage file à gauche pour suivre une route champêtre qui remonte en pente douce. Devant, la silhouette d’un randonneur se dessine. En forçant le pas, on ne tarde pas à le rejoindre. Tanguy, 23 ans, vient de région parisienne. Il a découvert la grande randonnée il y a quelques mois. Il est venu sur le GR21 pour s’aguerrir avant de s’engager sur des itinéraires plus
LA VALLEUSE D’ÉLETOT EST UN EXCELLENT BELVÉDÈRE POUR OBSERVER LA FAUNE
ET LE BALLET AÉRIEN DES GOÉLANDS, FULMARS
ET FAUCONS PÈLERINS.
musclés. Bien vu, car ses pieds douloureux le trahiront quelques kilomètres plus loin, le forçant à l’arrêt. Passé Sennevillesur-fécamp, la route se poursuit le long de la D79. Les éoliennes du cap Fagnet nous guident alors vers le sémaphore. Du haut de ses 105 mètres, point culminant de la Côte d’albâtre, le panorama s’ouvre à perte de vue sur l’enfilade des falaises blanches.
FLÂNERIE URBAINE
En bas, la ville de Fécamp prend ses aises dans une large cuvette. La première étape se termine en dévalant la sente aux Matelots qui débouche directement sur le quai Maupassant. Une formalité qui laisse tout loisir pour flâner dans la ville ou visiter le musée des Pêcheries. Ouvert en 2017, cette ancienne sécherie de morue, surmontée d’une vigie panoramique contemporaine, regroupe les collections des anciens musées municipaux. C’est la meilleure introduction qui soit pour découvrir l’identité et l’histoire maritime de Fécamp.