TONY ESTANGUET
Le président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024,
triple champion olympique de canoë, a façonné sa carrière et sa personnalité dans les Pyrénées. Issu d’un milieu modeste, il rend hommage à la région et à sa nature, conscient des enjeux environnementaux du moment et heureux que son territoire soit mobilisé à travers
le programme « Terres de Jeux ».
Vous êtes issu d’une famille sportive et avez pratiqué très jeune plusieurs disciplines. Quels souvenirs gardezvous de ces escapades pyrénéennes ? J’ai eu la chance de grandir dans une famille de passionnés de sports nature. Les Pyrénées nous ont offert un terrain de jeu unique pour pratiquer ski, ski de fond, randonnée, surf,
VTT, parapente, escalade, et bien sûr canoë: le week-end était l’occasion de partir à l’aventure dans les vallées d’ossau et d’aspe, l’été sur les rivières, l’hiver dans les montagnes.
Votre père était issu d’une famille d’agriculteurs d’oloron-saintemarie, votre mère de Lescun, en vallée d’aspe. Ces racines ont-elles eu un impact sur vous ?
Elles ont eu un impact immense sur ma personnalité et mon parcours. Je suis très attaché à la montagne et aux valeurs que m’ont transmises mes parents. Mon père a travaillé dans la ferme familiale très jeune. Ça forge une condition physique robuste, mais surtout un attachement à la nature et au respect de l’environnement, qui nous a été inculqué très jeune. Venir d’un milieu modeste m’a aussi appris à être à l’écoute de chacun, quel que soit son statut, du jeune stagiaire au grand patron.
Et les souvenirs d’enfance à Pau ?
Ils sont surtout sportifs. Il y a les sessions de canoë sur le Gave de Pau avec les copains du club, ou en famille, quand j’essayais de suivre mes grands frères. J’ai des souvenirs de ski de fond. Un hiver, je devais avoir 10 ou 11 ans, on avait damé une boucle près de la maison et on s’était chronométrés. Mon souvenir le plus original est peut-être d’avoir fait du kayak dans le parc Beaumont : quand mon père a créé le Pau Canoëkayak Club Universitaire, nous avons organisé des initiations gratuites pour les Palois. C’est peut-être cette expérience qui m’a donné envie de faire entrer le sport en ville, au plus près des gens.
Dans une interview, vous avez dit que pour réussir les Jeux de 2024, vous auriez besoin de vous ressourcer ici. Ce sera un refuge avant le grand tourbillon de Paris 2024 ? Exactement. Comme quand j’étais athlète, c’est à Pau que je fais redescendre la pression, où je retrouve ma famille et mes amis… J’adore naviguer dans le stade d’eaux vives
PAU EST L’ENDROIT OÙ JE FAIS REDESCENDRE
LA PRESSION, OÙ JE RETROUVE MA FAMILLE
ET MES AMIS…
Pau-pyrénées. J’aime courir sur le boulevard des Pyrénées. En hiver, c’est génial de faire du ski de fond au Soulor, et en été, on pousse jusqu’au Pays basque.
Pau, ville sportive… Mythe ou réalité? Ce n’est pas un mythe! Pau cumule à la fois du très haut niveau en basket, rugby, foot, escrime et canoë, et la possibilité de pratiquer tous les sports en amateur. Avec à la fois les Pyrénées et l’atlantique à proximité, Pau est un rêve quand on aime le sport.
Vous avez été ambassadeur de la stratégie nationale de développement durable du sport et avez pratiqué vingtcinq ans le canoë. Est-on forcément écolo quand on vient de l’outdoor?
J’ai passé ma jeunesse dans les rivières, je m’y suis construit et épanoui, j’ai donc un rapport particulier à la nature et à la préservation de ses richesses. Il y a urgence en matière d’environnement, il faut avancer vite, et la dynamique portée par les nouvelles générations est encourageante. J’espère que, progressivement, tout le monde va leur emboîter le pas.
Comment le territoire peut-il bénéficier de la dynamique des Jeux, même s’il n’y a pas d’épreuve ici ? La flamme olympique y passera-t-elle ? Par tradition, les territoires associés aux Jeux Olympiques et Paralympiques sont ceux qui accueillent un site de compétition ou d’hébergement. Mais parce que les collectivités locales sont les premiers soutiens du sport français, on a souhaité qu’elles participent à l’aventure à travers « Terre de Jeux 2024 ». Elles peuvent s’associer aux temps forts, tels les challenges sportifs du Club Paris 2024 ou l’olympiade Culturelle. Le Relais de la flamme, lui, annoncera en 2024 l’arrivée des JO en France. Le parcours sera alors défini pour que le plus grand nombre participe, avec la traversée d’un maximum de territoires.
Peut-on rêver d’un Pyrénées 2030 ou 2034 pour les JO d’hiver ?
Les Pyrénées ont tout pour plaire! Il y a d’ailleurs déjà un projet de candidature côté espagnol.
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