LA VALLÉE D’AURE
PLUS HAUTE, PLUS FORTE
Depuis le col d’aspin, à 1 489 mètres d’altitude, la vallée d’aure révèle sa topographie. De part et d’autre d’arreau, tout en bas des pentes, on devine son sillon, orienté nord-sud comme la plupart des entailles pyrénéennes. La coulée est enchâssée entre des sommets s’élevant à mesure que l’on va vers le sud. L’axe aurait pu se terminer en impasse, s’il n’était prolongé par le tunnel d’aragnouet-bielsa vers l’espagne. Alors, vallée ouverte ou fermée? À vrai dire, la visite donne l’impression d’une combinaison heureuse entre les usages du passé et les engagements modernes. De bon augure pour les touristes…
POPULATION ET VIE DE MONTAGNE MAINTENUES
Saint-lary-soulan, une journée de fin d’été. Sous un soleil ardent, il y a du monde dans la rue centrale, bordée de bâtiments récents en granite avec balcons, maçonnés à l’ancienne. Commerçante, la rue est l’épicentre d’un territoire où convergent les randonneurs l’été et les skieurs l’hiver. Au massif du Néouvielle et à la vallée du Rioumajou, grands spots de marche tranquille ou sportive aux beaux jours, répondent deux stations de ski majeures, Le Pla-d’adet-espiaube et Piau-engaly. Sous l’impulsion notable de la famille Mir, Saint-larysoulan a joué crânement dès les années 1950 la carte du tourisme. Jusqu’à devenir – Parc national des Pyrénées, tunnel d’aragnouet-bielsa et centre thermal aidant – un pôle majeur de ski et de villégiature. L’esprit d’innovation perdure, en témoigne le projet de requalification de Piau-engaly (lire aussi focus p.77). En permettant aux jeunes de trouver du travail et aux actifs
des traditions rurales. Les traditions, parlons-en. En vallée d’aure, elles peuvent se résumer en trois thèmes: eau, agriculture de montagne et petit patrimoine local. L’eau est ici une affaire de Nestes, nom donné à tous les cours d’eau qui convergent vers Arreau avant de filer au nord dans la
Garonne. Neste d’aure, de Rioumajou, de Couplan, du Louron, du Moudang… Venues du fond des cirques ou s’écoulant de lacs tels Cap de Long, Orédon, Aubert, Aumar et Oule, quinté classique d’une randonnée dans la réserve naturelle du Néouvielle, elles ont contribué à nourrir hommes
et bétail. Deux types d’ouvrages le prouvent: les fontaines-abreuvoirs et les moulins. Les premières sont une curiosité. En parcourant les routes étroites à lacets liant les villages de versants (Estansan, Sailhan, Grailhen, Gouaux, Tramezaïgues…), on découvre leur architecture insolite, associant auge pour les bêtes et source pour les hommes. Parmi les plus belles, celles de Vignec et d’auzet valent le détour. Au xixe siècle, ces fontaines ont été un progrès pour des villageois contraints jusque-là de chercher l’eau au torrent. Point de rencontre, elles ont aussi fortifié les relations sociales. Au passage, on n’oubliera pas d’aller remplir sa gourde à la fontaine de Saint-lary-soulan, servie par la gueule amicale d’une tête d’ours en bronze. La présence de moulins, comme jadis celle de scieries et de filatures, est plus classique.
Deux ont été restaurés et dévoilent leur jolie architecture en pierre: la Mousquère à Sailhan et Guchan. Le second rappelle qu’ils avaient aussi une fonction domestique: le logement du meunier y est intégré, avec ici une belle galerie courant au premier étage.
QUATRE VILLAGES À DÉCOUVRIR
Venir en vallée d’aure, c’est aussi découvrir d’autres aspects du patrimoine. Quatre villages sont à visiter absolument: Azet, Vielle-aure, Soulan et Aulon. Azet séduit par son architecture déployée autour du cercle de l’église-cimetière,
Nestes, ex-commanderie, la mairiehalle et la Maison des Lys (xvie siècle), hommage probable à Louis XI après l’allégeance du territoire au royaume de France, en 1475.
ÉLEVAGE EXTENSIF D’ESTIVES
Quant au pastoralisme sur les pâtures d’altitude, il faut grimper haut pour le voir. Dans les odeurs de foin estivales et le tintement des sonnailles, la route d’accès au col du Portet (2215 m) donne la mesure