DOUX SUD BRETON
Le Morbihan, ce sud de la péninsule armoricaine, promesse d’un caractère quasi méridional si on le compare à la côte finistérienne. Ce qui ne l’empêche pas d’être un vivant vivier de la culture celtique. En témoigne le Festival interceltique de Lorient. Né en 1970, il a de suite drossé contre les rocs un folklorisme marchand de pacotille, dressant haut les poutres maîtresses d’une culture réunissant des artistes venus de toute la Bretagne, d’écosse, du pays de Galles, des Cornouailles, d’irlande, de Galice et des Asturies. Chaque été, au début du mois d’août, Lorient, ville créée à l’époque de la Compagnie des Indes pour organiser le monopole du négoce avec les Indes orientales, est la capitale de la musique et des danses des pays celtes. Osez entrer dans la danse d’un fest-noz, au premier rythme qui chatouille la plante des pieds, vous êtes dans la ronde, une ronde comme un voyage au bout de la nuit…
Découvrir le Morbihan, c’est aimer l’armor. D’abord parce que le golfe du Mor-bihan, « la petite mer », soit le golfe au fond duquel se dressent les vieilles cités de Vannes et d’auray, célèbre l’étreinte de l’océan et des terres en une palette de paysages uniques. Si les rivages du Golfe ne se laissent pas toujours apprivoiser, n’hésitez pas à monter à bord d’un sinagot ou d’un forban, voiles traditionnelles, le temps d’un cabotage au gré d’une constellation d’îles – escales obligées à Arz et l’île aux Moines – et d’îlots. L’émotion et la sensualité y brasillent, entre landes littorales brûlées par l’iode et le vent salé, quais de ports où le zéphyr orchestre la partition des drisses frappant en cadence les mâtures… Ces villes portuaires qui, de Vannes à Lorient, ont façonné la physionomie des paysages et les caractères des hommes. Et puis, embarquez au large vers des îles, réelles car rêvées, escales hauturières du Mor Braz, « la grande mer », que délimitent Belle-île-en-mer, Houat, Hoëdic, Groix.
Pour découvrir l’argoat, c’est encore l’eau qui sera un fil rouge. Suivez le canal de Nantes à Brest et musez entre le lac de Guerlédan, Josselin, Napoléonville (aujourd’hui connue sous le nom de Pontivy) dans le pays des Rohan. Le Scorff sinue de Lorient à Guémené ; le Blavet déroule son cours paisible d’hennebont à Pontivy.
Embusqué dans le repli d’un chemin creux, tapi dans l’épaisseur d’une forêt, lové dans un ourlet d’une lande échevelée ou étrillé par un grand vent de kornog sur l’estran d’une grève, allez à la rencontre de ces lieux « habités », tous sens en alerte. Alors, les pierres levées de Carnac, les futaies touffues de Brocéliande, les géants de pierre de Locmariaquer, les grèves dorées de la baie de Quiberon ou les sentiers littoraux bellilois vous révéleront leurs secrets. Alors, le Morbihan ? « C’est comme ça, dans la vie, il faut chercher, pour trouver le lieu où l’on puisse devenir soi-même. » Degemer mat!