Detours en France

NOTRE SÉLECTION DE LIVRES

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René Maltête. Inventaire poétique, Audrey Hoareau, éditions du Chêne, 372 p., 49 € (2021)

Les photograph­ies de René Maltête sont des plaques sensibles qui captent la tendresse et l’insolite d’une époque que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître: les Trente Glorieuses. Maltête (19302000), Breton de Lamballe, c’est le frère d’armes des grands photograph­es humanistes qu’ont été Robert Doisneau,

Willy Ronis, Henri Cartier-bresson, Izis ou René-jacques. Doucetteme­nt anar, ce poète de l’image, écolo avant l’heure, arpentait la France l’humour en bandoulièr­e. Si ses célèbres « photos gags » élèvent la facétie au rang d’art, dans la lignée de Jacques Tati ou de Pierre Étaix, ses reportages pour la presse illustrée de ces décennies permettent de vagabonder dans une France populaire. Celle d’un pays qui aimait encore ses paysans, celle d’un pays où le monde ouvrier affichait fierté et lettres de noblesse, celle d’un pays où la marche du progrès n’avait pas « dématérial­isé » les rapports humains, même s’il nous révèle, en précurseur, que notre société est à l’aube de profondes mutations. Oui, le regard est frangé de nostalgie, mais sa malice prend toujours le parti pris du sourire. Et bien cadrée dans son objectif s’exprime toute la subjectivi­té d’un artiste concentré sur les petits bonheurs du quotidien. Telles ses images à « hauteur d’enfant », où l’insoucianc­e n’est que la partie immergée d’un état d’esprit empreint d’une certaine gravité. Grâce à cette première monographi­e (330 clichés en noir et blanc et en couleur), signée de la commissair­e d’exposition et directrice du centre régional de la photograph­ie Hauts-de-france, Audrey Hoareau, (re)découvrons une oeuvre majeure de notre iconograph­ie nationale.

Ma Forteresse. Journal du Vercors, Antoine de Baecque, coll. Démarches, Paulsen,

284 p., 19,90 € (2022)

À quoi sert la géographie, sinon à fomenter de doux rêves, à échafauder des voyages que l’on fera pour de vrai ou qui résisteron­t au désir de partance. Bref, la plus belle des géographie­s est notre géographie sentimenta­le. Pour Antoine de Baecque, pérégrin des grands chemins, sa boussole lui indique toujours le Vercors. Aussi lorsqu’il chausse les godillots, pas question de mettre uniquement un pied devant l’autre. Marcher, c’est méditer, c’est se souvenir des randonnées qu’il pratiquait adolescent en compagnie de son père, sous les falaises du Grand Veymont. Et le Vercors ouvre au rythme des pas du marcheur sa forteresse naturelle. Y affleurent les jalons de la grande Histoire, celle des chemins empruntés par les maquisards au cours de la Seconde Guerre mondiale et des grottes où s’abritait la Résistance.

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