Detours en France

ANNE-CLAIRE COUDRAY

C’est la douceur de la presqu’île de Locmariaqu­er, sa terre natale, qui a forgé sa sérénité toute naturelle.

- PROPOS RECUEILLIS PAR TUUL MORANDI

Très attachée à ses racines, la présentatr­ice du journal télévisé de TF1 partage les souvenirs de son pays où elle se rend chaque été et nous raconte « son » golfe du Morbihan avec une émotion communicat­ive.

Native de Rennes, vous avez grandi à Locmariaqu­er, un petit village situé en bordure du golfe du Morbihan. Décrivez-nous la terre de votre enfance ?

J’ai grandi dans une commune de 1 200 habitants, citée dans le livre des records pour son menhir et son dolmen, les plus grands du monde. Grandir à proximité de ces sites préhistori­ques, ça inspire. Locmariaqu­er, c’est aussi une presqu’île où la mer n’est jamais loin, et c’est la porte d’entrée du golfe du Morbihan. J’ai toujours eu cette sensation d’habiter un lieu d’exception. Après l’école, on allait se baigner, côté golfe ou côté Atlantique. Plages de sable fin, criques, parcs à huîtres qui se découvrent au gré des marées… l’impression de vivre dans un tableau qui change au fil des heures est toujours là. Longtemps, mon moment préféré a été le soir, quand le ciel devient rose et que tout se fige. Aujourd’hui, je découvre avec le jogging du matin un autre visage de mon « pays ». Et cette odeur si particuliè­re de sel et d’algues…

Un parfait terrain de jeu pour des enfants ?

Le mot que Locmariaqu­er m’inspire, au-delà de la beauté des paysages, c’est celui de « sérénité ». Je garde le souvenir d’une enfance riche, où il y avait toujours un collier de coquillage­s à fabriquer, un galet à peindre. Avec une copine, fille d’ostréicult­eur, nous passions un temps infini à bord de sa « plate », la barque traditionn­elle locale. Moi, je viens d’une famille de paysans, de terriens. Mon grand-père avait un petit bateau à moteur avec lequel on pêchait le bar, mais je n’ai pas la culture de la voile. C’était une vie de liberté, où l’on s’offre un tour à vélo, comme ça, juste pour aller voir la mer. Côté école, il n’y avait pas assez d’élèves pour faire des classes de même niveau. Je garde un formidable souvenir des CM1 et CM2 dans un coin, des CE1 et CE2 dans l’autre, et au milieu une seule institutri­ce. Ça accélère l’apprentiss­age de l’autonomie !

Vous avez quitté le Morbihan pour votre carrière, mais vous y revenez régulièrem­ent. Quels liens avezvous gardés avec cette région ?

Mes parents, mon oncle et ma grandmère vivent encore là. Je n’ai donc aucun mal à trouver une bonne raison d’y retourner. Quand vous êtes adolescent, vous rêvez toujours

MES PARENTS, MON ONCLE ET MA GRAND-MÈRE VIVENT ENCORE LÀ. JE N’AI DONC AUCUN MAL À TROUVER UNE BONNE RAISON D’Y RETOURNER.

d’ailleurs. Quand nous étions enfants, sur la plage en regardant l’horizon côté Atlantique, on avait aussi pour habitude de dire qu’il y avait là, juste en face, « l’amérique »! Aujourd’hui, j’ai plutôt l’envie inverse. J’ai même le sentiment d’une urgence à me nourrir le plus possible de ces paysages. Je regrette de ne pas avoir su regarder cette région comme je la vois maintenant, de ne pas l’avoir appréciée à sa juste valeur quand j’avais 15 ans. Pour cette paix qu’elle m’apporte. Parce qu’elle m’a faite comme je suis. J’aime me dire qu’elle m’a inculqué une sorte d’humilité.

Vous semblez très sensible à la culture bretonne ? En quoi est-elle à part ? Qu’aimez-vous en particulie­r ? C’est difficile à expliquer… Cette culture, je l’éprouve physiqueme­nt, elle me prend aux tripes. Pourquoi cette sonorité celtique me donne envie de danser? Pourquoi le son de la bombarde m’est si familier? Pour des Non-bretons, cette musique reste un mystère. Pour nous, elle nous ramène à la maison quel que soit le lieu où on l’entend. J’ai toujours trouvé que ces rythmes avaient quelque chose de moderne, parce que presque primitifs. Lors des fest-noz, il y a une sorte de transe dans les « an dro » (danse en ronde à chaîne ouverte du pays vannetais, ndlr). Il suffit, par exemple, d’écouter le chanteur Denez Prigent qui a si naturellem­ent associé les gwerzioù (complainte­s traditionn­elles) et la musique techno.

Vous participez à de nombreuses manifestat­ions culturelle­s dans le Morbihan. Pourriez-vous citer les événements à ne pas manquer et qui vous tiennent à coeur ?

Le Festival intercelti­que de Lorient ! Je l’ai couvert en tant que journalist­e au Télégramme. Il y a aussi le festival Escales Photos. Pendant plusieurs mois, des communes de Locmariaqu­er, de La Trinité-sur-mer en passant par les îles d’houat, d’hoedic et Belleîle, exposent des photograph­ies sur la façade des maisons. Enfin, ne manquez pas de vivre un fest-noz, en hiver, dans la salle des fêtes de Ploeren (près de Vannes); ou, en été, en plein champ, la célébratio­n du pardon du Moustoir.

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