CAP SUR L’ÎLE DE GROIX
Vigie du pays de Lorient, Groix est un petit rocher qui émerge de l’atlantique. Parée de nombreuses richesses géologiques, cette île paradisiaque aux eaux turquoise a su garder sa singularité, avec une côte sauvage battue par les tempêtes, de doux vallons incrustés de villages et de hameaux, et des criques aux plages de sable blanc. Escapade à vélo électrique et à pied.
Quarante-cinq minutes après avoir quitté la gare maritime de Lorient, le ferry accoste à Port-tudy au son de la sirène.
Dès les premiers pas, une douceur presque méditerranéenne happe le visiteur rappelant que jadis ce charmant petit port vivait au rythme des départs en mer des thoniers dundees, Groix ayant été un des plus grands ports français de pêche aux thons blancs. Symbole de ce passé maritime, le clocher de l’église du Bourg arbore pour girouette un thon en lieu et place de l’habituel coq, de quoi piquer notre curiosité. Pour grimper jusqu’au Bourg perché sur une colline et poursuivre la découverte de l’île qui s’étire sur 8 kilomètres de long et 3 kilomètres de large, rendez-vous chez un des loueurs de bicyclettes situés sur le quai, face au débarcadère. Sur cette île vallonnée, la version électrique est mieux adaptée. Une quarantaine de kilomètres de routes et de pistes sillonnent son territoire, dévoilant hameaux, phares et paysage minéral, et il faudra souvent quitter sa monture pour accéder au littoral. À l’instar de toutes les îles bretonnes qui vivaient de la pêche jusqu’au xxe siècle, le Bourg affiche une architecture spécifique où de charmantes petites bicoques de pêcheurs côtoient les demeures cossues des armateurs. Après avoir sillonné les ruelles fleuries et marqué un arrêt à l’église, quittons le Bourg pour explorer la nature sauvage de Groix. Première étape, la plage des Grands Sables, dont on dit que sa forme convexe est unique en Europe. Elle est aussi dite « vagabonde », car elle se déplace
au gré de deux courants marins qui poussent le sable vers leur point de convergence, formant cette courbe singulière. En parcourant ces sables blancs ourlés d’une eau turquoise, on pourrait presque se croire à des milliers de kilomètres de là, sous de lointains tropiques. Plus au sud, au pied du phare de la pointe des Chats, de surprenants rochers aux teintes roses se plissent avant de plonger dans l’océan. Roches
PLUS DE QUARANTE KILOMÈTRES DE PISTES SILLONNENT SON TERRITOIRE, DÉVOILANT HAMEAUX, PHARES ET PAYSAGE ROCHEUX. MAIS IL FAUDRA SOUVENT QUITTER SA MONTURE POUR ACCÉDER AU LITTORAL.
et sables scintillent de minuscules éclats rouges révélant la présence du grenat, qui a valu à Groix son appellation d’« île aux grenats ». Constitué de glaucophane, un schiste bleu, et de micaschiste à grenat, le sol de Groix est un trésor minéralogique où se décline une large palette de couleurs. Passé le village de Locmaria aux jolies maisons de pêcheurs, cap à l’ouest vers Pen-men. Cette partie de l’île, sauvage et brute, est un paradis pour les ornithologues, car des milliers d’oiseaux marins, du classique goéland argenté au pétrel fulmar, nichent dans ces falaises et plateaux fouettés par les vents.
Avec la pointe des Chats, ce secteur fait partie de la Réserve naturelle François Le Bail. Au bout de la route se dresse le phare de Pen-men, le plus puissant du Morbihan avec une portée de 54 kilomètres. Là, les vélos sont interdits et un sentier tapissé d’ajoncs et de bruyères mène vers la côte. Une randonnée en boucle de 27 kilomètres qui permet d’apprécier la beauté du littoral.
Clou du spectacle : le trou de l’enfer, une faille taillée dans la falaise où la mer s’engouffre avec fracas.
ACTIVITÉ HISTORIQUE
Groix recèle aussi de dynamiques producteurs locaux qui relancent le savoir-faire insulaire, à l’image de Patrick Saigot qui a fondé il y a cinq ans, avec deux autres associés, un atelier de fumaison artisanale de poissons. « Cette activité historique avait disparu depuis plus de vingt ans. Hormis le saumon, on ne fume ici que du poisson issu de la pêche locale », déclare Patrick depuis son atelier dominant Port-tudy. En attendant le bateau du retour, quel plaisir de siroter une boisson fraîche à la terrasse d’un bar situé sur le quai.