AVRIL ET LES MEUBLES REMPILENT…
Il y a des lieux comme ça qui donnent envie de changer de vie.
À première vue, celui-là ne paye pourtant pas de mine. Le modeste entrepôt qui l’héberge, en périphérie de la commune de Rouillac, en Charente, ne détonne en rien de son environnement rural. On jurerait un énième hangar agricole. Mais passé la porte, le lieu évoque plutôt une caverne d’ali Baba. Disposés avec soin, des meubles au design vintage y côtoient de la vaisselle ancienne, des jouets en bois, des ménagères en argent, des chaises en formica, des vases en porcelaine, du textile, des cadres et des miroirs de toutes les formes et de toutes les couleurs... Tous ces trésors et ces babioles ont déjà vécu. Mais ils n’ont pas pour autant fait leur temps.
SECOND SOUFFLE
C’est toute l’idée derrière la recyclerie Avril, initiative lancée par Fanny et Franck en 2015 : faire des déchets des uns, les trouvailles des autres. Il y a sept ans, alors que tous deux travaillent encore dans le cinéma, un déclic se fait. À l’occasion de travaux entrepris chez eux, ils remarquent un fait troublant à la déchetterie: parmi les meubles et objets divers jetés là, beaucoup sont en parfait état. Renseignement pris, il n’existe aucune recyclerie dans leur département. Et s’ils palliaient ce manquement ? Leur statut d’intermittent du spectacle leur autorise un peu de temps libre. Réflexion faite, ils montent une association à but non lucratif: Avril, comme le mois du renouveau. Leur créneau ? Le réemploi. En d’autres termes: la collecte, la valorisation et la redistribution d’objets, de meubles et de textile d’occasion. Très vite, la machine s’emballe. « Le mode de vie paysan est assez en adéquation avec l’esprit d’une recyclerie, explique Fanny. Les gens ici gardent leurs meubles de génération en génération. On a tout de suite eu beaucoup de dons. » L’activité qui ne devait les occuper qu’un week-end sur deux se transforme en occupation à plein temps. Et tant pis s’il faut mettre de côté leur carrière et se contenter de revenus modestes ; le couple y trouve son compte : un sens à leur labeur. Sept ans plus tard, la recyclerie Avril embauche cinq salariés et peut compter sur une ribambelle de bénévoles fidèles. À son compteur : 110000 objets récupérés, 220 tonnes réemployées et des activités qui se diversifient: prestations d’aménagement, de décoration et ateliers en tous genres. Et si c’était ça, la véritable réussite?