Copiste l’art de d’antan Valérie Mathias
Unique en France, l’atelier des Fac-similés du Périgord a recréé les peintures pariétales de Lascaux et d’autres grottes. Il copie aussi des oeuvres d’art médiévales du château de Biron, en Dordogne, telle la Pietà. Cette plasticienne en est l’une des chevilles ouvrières.
Le premier jour ici est marquant. L’AFSP possède une forte empreinte. Et travailler pour Lascaux, c’est le Saint-graal! » Valérie Mathias n’en menait pas large le jour où elle a posé le pied dans l’atelier de Montignac, en 2005. Cette plasticienne originaire de Périgueux, formée dans une école d’arts plastiques à Bordeaux, se souvient de ses débuts. « Je suis arrivée dans un atelier tout noir où les gens écoutaient de la musique classique », sourit-elle. Tombée dans l’art pariétal « parce qu’il y avait ici des postes en recrutement », elle ne l’a plus quitté. L’AFSP, spécialisé dans la reproduction d’objets d’art, a acquis sa notoriété grâce aux copies des peintures pariétales réalisées pour Lascaux IV, nécessitant de travailler dans la pénombre, comme le faisaient les hommes du paléolithique. « Nous avons reproduit 900 mètres carrés de parois, raconte celle qui fut chef d’équipe pour la copie de la célèbre salle des Taureaux. Nous avons travaillé sur une coque en résine polyester, recouverte d’un voile minéral. »
Après le pariétal, le médiéval…
Un travail minutieux qui l’a comblée « […] et nous a remis à notre place. Car eux réalisaient cela à la torche! Quand on voit le grand taureau, peint sur un support en trois dimensions, avec des proportions aussi justes… Il n’y a pas d’erreur, ou alors très peu », admire Valérie Mathias, qui a utilisé les mêmes techniques que les hommes préhistoriques, à l’image du souage de peinture. Celle qui a travaillé aussi pour Lascaux III – l’exposition itinérante dans le monde – garde un souvenir ému du temps passé sur la Licorne. « C’est une oeuvre magistrale, un animal un peu mystique. Cela a été un honneur de la reproduire, dit-elle. Le modelage de la grotte est dicile, il nous faut une copie qui ressemble le plus possible à l’original. Si le support ne fonctionne pas, l’oeuvre ne brillera pas. » Passé le « Lascaux blues » de la fin des travaux de Lascaux IV, la copiste a de nouveaux chantiers. Fort de sa réputation, L’AFSP a vu des marchés s’ouvrir, tel celui du « médiéval ». La plasticienne a ainsi oeuvré sur un fac-similé d’une fresque du XVE siècle de l’abbaye de la Chaise-dieu: la Danse macabre, restituée et implantée dans une salle des bâtiments de l’abbaye. Ce travail se poursuit avec la reconstitution de sculptures. Le rêve de Valérie Mathias serait d’exercer ses talents sur des oeuvres de l’égypte ancienne. Un autre saut dans l’histoire jusqu’aux momies du Haut-nil. ___