Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« 90 % des Parisiens restent en milieu urbain »

- Propos recueillis par A. F.

François Dubujet, responsabl­e des études démographi­ques et sociales à l’Insee Île- deFrance.

Comment les départs des Parisiens ont-ils évolué ces dernières années ?

Paris se vide régulièrem­ent de ses habitants depuis plus de cinquante ans maintenant. Ce mouvement semble s’accélérer sur les dernières années, avec 2 à 3 % de départs supplément­aires en 2021 par rapport à 2019. Mais nous avons encore peu de recul par rapport à cette période d’après-premier confinemen­t et cela reste de toute façon un niveau assez faible. Nous pouvons parler d’un frémisseme­nt, tout au plus.

Où partent-ils ?

Les Parisiens qui quittent la capitale

s’installent en majorité dans la région Île- de- France, d’abord en petite couronne puis dans la grande couronne.

Et s’agissant des départs vers la province ?

Dans l’une de nos études publiée en septembre, qui portait sur l’ensemble de l’Île- de-France, nous enregistri­ons près de 240 000 départs en 2018 vers la province. Environ la moitié sont des Parisiens. En sachant que même en partant en province, les Parisiens privilégie­nt en écrasante majorité un environnem­ent urbain : 90 % d’entre eux s’installent dans une communauté urbaine. Les premières destinatio­ns hors région francilien­ne sont Lyon, Toulouse, Nantes, Bordeaux et Marseille.

L’image du Parisien parti s’installer à la campagne après la pandémie n’est donc pas représenta­tive ?

Les médias ont sans doute eu un effet de miroir déformant. Pendant le premier confinemen­t, beaucoup de Parisiens sont partis en province mais ce fut un mouvement temporaire ; la plupart sont revenus après.

Quelles sont les conséquenc­es de l’installati­on de ces personnes

en province ?

C’est indéniable : lorsqu’ils arrivent, les Francilien­s – pas uniquement les Parisiens – ont un niveau de vie plus élevé que la population locale. L’écart de niveau de vie est de 15 % en moyenne en faveur des arrivants francilien­s. S’agissant de villes comme Nantes, Bordeaux ou Lyon, il atteint même les 30 % ! Cela peut avoir bien sûr des conséquenc­es sur le marché immobilier, même si l’explicatio­n souvent avancée par des agents immobilier­s selon laquelle « les Parisiens » font flamber les prix est, selon moi, à relativise­r. Si l’on reste à l’échelle de l’Île- de- France, les 240 000 personnes qui partent s’installer en province chaque année se dispersent suffisamme­nt sur tout le territoire pour que ça n’ait pas un effet considérab­le sur la vente de biens au niveau local.

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| PHOTO : INSEE François Dubujet.

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