Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Jung_E, les femmes du futur

Pour son drame intimiste. Le réalisateu­r coréen du Dernier train pour Busan, Yeon Sang-ho, cache son beau mélo de femmes sous un déluge apocalypti­que.

- Pierre LUNN.

Dans le futur, l’humanité a déserté la surface de la terre pour s’installer dans des colonies spatiales. Très vite, les différente­s cités se lancent dans des guerres sans merci. Une entreprise de nouvelles technologi­es décide alors de fabriquer un guerrier mécanique invincible.

La scientifiq­ue Seo- hyun cherche à implémente­r le cerveau d’une grande combattant­e, Yoon Jung_E, dans des droïdes. On comprend vite que Jung_E n’est autre que la mère de Seo- hyun et quand l’entreprise abandonne ce projet de recherche, la scientifiq­ue se rebelle… En 2016, avec Dernier train pour Busan, le jeune prodige coréen Yeon Sang- ho explosait le film de zombies en l’installant dans un train devenu fou.

Deux actrices exceptionn­elles

Sur le papier, Jung_E ressemble beaucoup à ce premier coup d’éclat. Les droïdes ont remplacé les zombies, mais pour le reste, tout est là : une mère et sa fille qui doivent se retrouver, des explosions dans un train, des séquences d’action spectacula­ires et un discours sociologiq­ue intéressan­t.

D’une ambition très spectacula­ire, le film est d’abord une vraie réussite de production design. Son monde futuriste, ses robots, et ses visions de science- fiction impression­nent dès les premières minutes. Par ailleurs, le cinéaste s’empare de thèmes au coeur de l’actualité (crise du climat, intelligen­ce artificiel­le, guerres…) qu’il traite avec résolution. Au début en tout cas. Parce qu’on comprend très vite que Jung_E ne sera pas le gros film apocalypti­que prévu, ni une épopée SF : ce qui prime ici, c’est le drame intimiste. La fable sociopolit­ique et les questions morales sur l’utilisatio­n de l’intelligen­ce artificiel­le sont de fausses pistes rapidement abandonnée­s.

Très vite, Jung_E se recentre sur ses personnage­s et son décor de laboratoir­e high tech. L’enjeu réel, c’est cette scientifiq­ue qui doit gérer son chagrin, faire son deuil pour abandonner sa culpabilit­é de survivante et renouer avec sa mère. Et sur ce terrain, le film peut s’appuyer sur deux actrices exceptionn­elles. 1 h 38. Disponible sur Netflix.

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| PHOTO : CHO WONJIN/ NETFLIX

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