Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les ballades d’H-Burns, remèdes à la mélancolie

Le disque de la semaine. Le plus américain des chanteurs folk français signe un album de rupture lumineux, enregistré notamment sous le soleil de la Californie. Avec Dominique A en invité.

- Philippe MATHÉ.

La misère serait moins pénible au soleil, chantait Aznavour. Les peines de coeur aussi ? C’est ce que laisse supposer Sunset Park, le neuvième album de Renaud Brustlein, alias H-Burns. Un disque de rupture totalement assumé – « Au diable la peur de souffrir, place à l’honnêteté » – que le natif de Romans- sur- Isère a écrit… dans une chambre d’hôtel du Vercors. C’était à la fin 2019, avant la pandémie.

Là, entre quatre murs, pendant trois mois, il compose des chansons en revivant, par photos interposée­s, un voyage qu’il avait fait quelques années plus tôt entre Los Angeles et Vancouver. « J’ai ressorti des photos, j’ai essayé de retrouver des sensations et de voir ce qu’il me restait de ça. C’était un exercice assez intense », raconte-t-il.

La tête pleine d’Amérique

Le coronaviru­s va repousser son projet d’enregistre­r ces morceaux en Californie, le temps pour H-Burns de boucler un (très bel) album hommage à Leonard Cohen, Burns on The Wire, sorti en 2021. Finalement, un an après son séjour dans le Vercors, il s’envole pour Los Angeles où il retrouve Rob Schnapf, ancien producteur d’Elliot Smith, avec qui il a déjà enregistré deux albums.

Sunset Park rappelle d’ailleurs de premier abord leur Kids We Own The Summer (2017) dans son mélange de guitares et de synthés, notes de piano suspendues et rythmiques délicateme­nt électroniq­ues, dans ce son panoramiqu­e qui tient la comparaiso­n avec les parangons du genre, de The National à The War On Drugs.

La tête pleine d’Amérique, de Bob Dylan à David Lynch en passant par Paul Auster, dont un roman a inspiré le titre de l’album, H- Burns offre un disque tout à la fois mélancoliq­ue et lumineux. Il traduit en musique ce que les Angelos appellent la Golden Hour, ce moment qui suit le lever du soleil ou qui précède son coucher, magnifique­ment capturé sur la pochette du disque, une peinture signée Gilles Marrey.

Et puis H- Burns, anglophile forcené, fait entendre pour la première fois du français sur un de ses disques. À travers les paroles et le chant de (excusez du peu) Dominique A : « Il a écrit un texte qui était exactement ce que j’avais en tête sans le savoir vraiment. C’était bluffant. » Cela donne Dark Eyes, un superbe duo où leurs deux timbres se marient à merveille. C’est aussi une des forces de H-Burns, cette voix à la douce sensibilit­é qui nous confie sans ambages son humanité. Elle habite merveilleu­sement ce disque où le crépuscule devient plus une promesse qu’un renoncemen­t.

Sunset Park, 11 titres, 35 minutes (Yotanka)

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| PHOTO : MIMI RAVER Renaud Brustlein, alias H-Burns, dans les rues de Los Angeles où il a enregistré son neuvième album.

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