Le Clézio, un Nobel au plus près des invisibles

Avers. Des nouvelles au service des indésirables est un lumineux recueil dans lequel J.M.G. Le Clézio s’intéresse aux déshérités, d’où qu’ils viennent, et notamment aux enfants.

Il est beaucoup question d’enfants dans Avers. Des nouvelles des indésirables. Sans doute parce que de tous les déshérités, ce sont eux qui se trouvent encore au plus bas de l’échelle, qu’ils se trouvent au Mozambique, au Pérou, en Palestine ou au Mexique.

Jean-Marie Gustave Le Clézio pose sur eux un regard d’une grande bienveillance, dans la veine humaniste qui a toujours été la sienne. Sur la quatrième de couverture du livre, le prix Nobel 2008 annonce ainsi la couleur : « Pour moi, l’écriture est avant tout un moyen d’agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n’est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l’injustice de ce qui leur arrive. »

Huit nouvelles à la lisière du conte

Aucune touche misérabiliste dans l’écriture de J.M.G Le Clézio, toujours aussi lumineuse et empathique. Ses déshérités sont pauvres, mais ils ont de la ressource, des capacités de révolte, la volonté farouche d’échapper à leur sort. Maureez, orpheline mozambicaine abusée mais protégée par la médaille d’or d’un pirate, sait faire parler ses poings et s’échappe par le chant ; Chuche et Juanico, adolescents péruviens, parviennent à s’extraire des griffes de guerriers, sans doute ceux du Sentier lumi

neux ; Chepo, Racimo, El Gato, Bravo, « rats de rue » des bas-fonds de Nogales, au Mexique, se jouent des adultes dont ils font les poches.

Au fil des huit nouvelles posées à la lisière du conte, des figures adultes apparaissent, comme Aminata, dées

se noire des faubourgs parisiens ; Yaya, fille d’esclave et nourrice de générations d’enfants blancs de l’île Maurice : Yoni, Indien des peuples de la forêt colombienne. Figures de résistance et de stabilité, ils sont comme des repères lumineux dans l’atmosphère étrange et poétique installée par LeClézio.

Avers. Des nouvelles des indésirables, Gallimard, 220 pages, 19,50 €, E-book 13,99 €.

| PHOTO : ARCHIVES THOMAS BRÉGARDIS, OUEST-FRANCE Jean-Marie Le Clézio met en lumière les indésirables grâce à ses nouvelles poétiques et bienveillantes.