Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Mon chien déteste d’emblée certaines personnes
Il ne connaît ni ce monsieur ni cette dame et pourtant, dès qu’il les croise, Loulou se transforme en grand méchant loup. Et s’il les avait… « dans le nez » ?
« L’avoir dans le nez », « ne pas pouvoir le sentir » : voilà deux expressions qui prennent toute leur mesure quand il s’agit de nos chiens. C’est du moins ce qu’explique la revue scientifique américaine Discover dans un article où il est question d’accès de colère canine, de pizza et de maltraitances…
L’article rapporte l’histoire du border collie Nibbles et de son jeune maître de douze ans. Un jour qu’il était seul avec Nibbles, sous le porche de la maison, un voisin, inconnu au bataillon, se présente pour lui demander si sa maman est là. Quand le visiteur tente d’ouvrir le portillon du porche (sans y être invité), Nibbles se déchaîne, aboyant et grognant comme un fauve – ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’alors –, mettant le voisin en fuite. Quelque temps après, on apprenait que l’homme avait été arrêté et condamné pour maltraitances sur enfants.
L’odeur des émotions
Nibbles avait- il senti chez le voisin une prédisposition à la violence ? Ou la peur de son jeune maître voyant un inconnu tenter de pénétrer chez lui ? L’histoire ne le dit pas. Mais différentes études scientifiques apportent des éléments de réponse. Il ressort que c’est d’abord avec la truffe que les chiens appréhendent leur environnement.
Quoi de plus normal, sachant qu’ils sont équipés de 200 à 300 millions de récepteurs olfactifs (contre seulement 5 à 6 millions chez l’homme) ? Avec un tel flair, est- il si étonnant qu’ils puissent sentir – au sens propre – ce qui nous échappe ? À commencer par les modifications de l’odeur corporelle qu’entraînent certaines maladies, mais aussi certaines émotions comme la peur, la tristesse ou le stress.
Des émotions généralement associées à des microsignaux faciaux (dilatation pupillaire) et corporels (crispations) que savent bien décrypter nos chiens pour les classer dans la catégorie des attitudes inquiétantes. Ou pas.
Mais revenons à notre pizza. Dans l’un de ses essais, la comportementaliste Patricia McConnel relate le cas d’un chien qui accueillait sans problème certains visiteurs et en mordait systématiquement d’autres. Sans que ses victimes ne présentent aucune ressemblance (sexe, âge, taille…).
En menant l’enquête, la comportementaliste avait fini par découvrir que tous avaient mangé de la pizza dans les heures précédant leur visite. Or,
lorsqu’il était chiot, notre chien mordeur avait été remis en place d’un mauvais coup de pied par un livreur…
de pizzas. Et avait associé l’odeur au risque d’être battu.