Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Apprendre à identifier les jeunes pousses
Au jardin, désherber « d’arrache-plant », revient parfois à se priver de jolies surprises. Et si vous preniez le temps d’y regarder à deux fois ?
Face au jeune plant non identifié qui pointe le nez dans une plate-bande, nous nous sommes tous, un jour ou l’autre, posé la question : faut-il l’occire séance tenante ou se pourrait-il que…
«… qu’il s’agisse d’une jolie fleur en devenir », complète Joseph Chauffrey, formateur et concepteur en permaculture. Petit cadeau apporté par les vents ou par un industrieux rouge- gorge. Joseph Chauffrey le sait bien : au jardin, on ne récolte pas exclusivement ce que l’on sème. Et c’est (parfois) tant mieux.
Le grain et l’ivraie
« Peu de jardiniers sont en mesure de reconnaître les plantules, souligne- t-il, distinguer les pousses de végétaux envahissants (liseron ou rumex) de celles de fleurs qui permettront d’embellir le jardin ou d’améliorer la productivité au potager (bourrache, phacélie, si mellifères) est pourtant très utile. »
Utile à plus d’un titre, car « apprendre à travailler son jardin en intégrant les semis spontanés, c’est aussi une excellente façon de soutenir la biodiversité ». Avec, çà et là, de jolies surprises à la clef.
« Au potager, il est plutôt risqué de laisser pousser ce qui germe spon
tanément. Mais si vous êtes capable d’identifier telle ou telle plantule de blette ou de tomate qui s’épanouit là où vous ne l’avez pas semée, sachez que les graines qui germent d’ellesmêmes, à leur rythme, offrent souvent des plantules particulièrement vigoureuses. » Et qu’il est toujours
possible de les faire entrer dans le rang en les repiquant où on le souhaite.
Oui mais voilà : l’identification végétale intimide. « À tort, insiste Joseph. Il ne s’agit pas ici de devenir un botaniste émérite, mais de s’habituer à observer son jardin plus finement. En apprenant à identifier seulement une plantule par semaine, à la fin de l’année vous saurez déjà en reconnaître une cinquantaine. »
Celles, par exemple, que Joseph Chauffrey a recensées parmi les principales spontanées de nos jardins dans Reconnaître les plantules. Un mini- guide en forme d’antisèches cartonnées à glisser dans la poche de son tablier de jardinier pour apprendre à désherber de manière plus raisonnée et plus futée.
Reconnaître les plantules, Joseph Chauffrey, Ed. Terre vivante, Coll. Les Anti-sèches, 9,90 €.
Biodiversité
Lorsqu’un arbre meurt au jardin, le premier réflexe est trop souvent de s’en débarrasser. Et pourtant : même mort, l’arbre reste un hôte de choix. Avant de se décomposer en humus qui enrichira le sol, il peut offrir le gîte et le couvert à toute une petite faune sauvage. Plutôt que de l’abattre et de le faire enlever, s’il ne menace pas de tomber, laissez-lui donc une chance d’achever son cycle au coeur même du vivant.