Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
C’est encore loin, l’Europe
Dominés par une impressionnante équipe lilloise, qui revient à deux points, les Rouge et Noir subissent un coup d’arrêt au Roazhon Park et réalisent une mauvaise opération en vue du top 5.
On ne peut pas donner tort à Bruno Genesio quand il annonçait, vendredi en avant-match, qu’il allait encore se passer beaucoup de choses jusqu’en fin de saison. Ce résultat confirme que rien ne sera facile dans la quête d’un top 5 et d’une qualification européenne.
« C’est un coup d’arrêt car c’était une opportunité pour les mettre assez loin, soupire Bruno Genesio, qui n’a cependant pas beaucoup de regrets à avoir sur le coup. Je n’ai rien à reprocher à mes joueurs, ils ont fait le maximum avec les moyens du moment. On est simplement tombé sur plus fort que nous, il faut le reconnaître. » Même le point du match nul, qui a longtemps semblé se dessiner, aurait presque relevé du miracle hier.
Rennes a tenu une heure
En effet, on n’a probablement vu aucune équipe, y compris en Coupe d’Europe, faire une aussi forte impression au Roazhon Park cette saison que Lille. Certes, le scénario du match a pu influer sur sa physionomie avec l’ouverture du score rennaise dès la 26e seconde par Gouiri, qui profitait d’un mauvais contrôle du jeune Yoro à l’entrée de ses 16 mètres. Son 11e but cette saison (le 9e en Ligue 1), et pas loin d’être le plus rapide de l’histoire du Stade Rennais, derrière les 17 secondes de Romain Danzé contre Bordeaux en 2009.
On se disait déjà que cette entame résumait la saison des Nordistes, constamment loués pour la fluidité de leur jeu mais souvent inefficaces. Car s’ils avaient offert un cadeau aux Rouge et Noir d’entrée, ils en recevaient aussi un de Tait (36’), mais sans en
profiter avec la frappe trop croisée de David.
Malgré dix bonnes premières minutes sur l’euphorie de leur ouverture du score et les meilleures occasions dans l’ensemble (Gouiri à la 5’, Spence à la 33’, Ismaily proche de marquer contre son camp à la 45’), Rennes n’était pas malheureux de rejoindre les vestiaires en tête.
« Je ne suis pas sûr qu’à 2- 0, on aurait gagné ce match. Pour gagner, il fallait être à un autre niveau que ce qu’on a été ce soir. Lille a été plus fort tactiquement, techniquement et athlétiquement », admet Bruno Genesio.
Si la maîtrise du ballon ne fait pas tout, les 64 % de possession lilloise en première mi-temps (et 60 % en deuxième) est un bon indicateur de la force dégagée par les hommes de Paulo Fonseca. « Je voyais déjà en fin de première mi-temps des signes qui me laissaient craindre que ça allait être difficile », confirme Genesio.
Rennes a longtemps eu le mérite d’être solide, mais, à force de subir, n’a fait que retarder l’inéluctable. David, légèrement hors-jeu, pensait d’abord avoir égalisé (52’), mais c’est Zhegrova qui s’en chargeait quelques minutes plus tard à l’issue d’un beau mouvement collectif sur contreattaque ( 59’) . L’un des rares moments jusque-là où le SRFC était désorganisé sur une perte de balle, avec Rodon et Spence montés trop haut pour assurer le repli.
Cela aurait pu pousser les hommes de Bruno Genesio à repartir de l’avant et les Lillois à reconsidérer un peu plus la situation comptable. Mais d’une part, les Rennais n’en avaient pas les moyens. Et d’autre part, le
Losc était bel et bien venu pour prendre les trois points, avec ses cinq longueurs de retard sur Rennes avant le match. Et sa deuxième réalisation par Cabella (85’) ne devait pas plus au hasard que la première, avant qu’André Gomes ne vienne saler la note dans les dernières secondes (94’). « Le deuxième but arrive à la 85’ mais il aurait pu arriver avant », résume Genesio.
Au moins, le SRFC ne recroisera plus cette saison le Losc, qui reste sa bête noire avec désormais huit matches sans victoire depuis la saison 2018-2019, et trois défaites consécutives au Roazhon Park. En tout cas, le message envoyé va résonner fort pour la suite. Si on en doutait, la course à l’Europe ne fait que débuter. Et à l’image des Dogues, la concurrence est plus féroce que jamais.