Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Vers la fin du passage à vide du rugby italien ?

Italie - France, aujourd’hui (16 h). Le vent du renouveau souffle sur l’ovalie de la péninsule, grâce notamment au travail important fait sur la formation. Il faut toutefois rester mesuré.

- Rome (Italie). De notre envoyé spécial Laurent FRÉTIGNÉ.

Fabien Galthié parle de « rugby italien en reconquête ». Cinq victoires en onze matches en 2022, dont une performanc­e retentissa­nte dans le Tournoi au Pays de Galles et un succès de prestige face à l’Australie, en novembre, font souffler le vent du renouveau chez les Transalpin­s. « On a fait de grands pas en avant, assure Michele Lamaro, le capitaine italien. On a revisité notre système de jeu, il est question d’un changement presque culturel dans notre façon d’appréhende­r une rencontre. »

Le nouveau sélectionn­eur néo-zélandais Kieran Crowley est bien sûr le grand artisan de cette révolution en cours. Mais celui- ci s’appuie sur une nouvelle génération de joueurs talentueux. « C’est le résultat de plusieurs années de travail auprès des jeunes de la fédération italienne », explique Edoardo Iachizzi, 3e ligne du RC Vannes et remplaçant ce dimanche contre les Bleus.

Celle- ci a tout d’abord modifié ses critères de sélections en rouvrant ses frontières. « Auparavant, les internatio­naux étaient obligés de jouer en Italie. Or, avec seulement deux provinces de niveau internatio­nal (Les Zèbres et Trévise) à matcher en Pro 14 (avec les nations celtes et sudafricai­nes), les débouchés étaient limités pour les bons joueurs, obligés de s’engager dans des clubs de première division qui correspond­ent au bas de la Pro D2, trop faible pour les sélections », explique Mirco Bergamasco, ancien trois quart cen

tre internatio­nal, aujourd’hui entraîneur du Stade Nantais.

Des U20 performant­s

Aujourd’hui, les Garbisi (Montpellie­r), Mori (Bordeaux- Bègle), Fischetti (London Irish) , Ceccarelli (Brive), Alan (Harlequins) jouent en France ou en Angleterre et peuvent porter les couleurs de leur pays. « Ils inculquent aussi la culture de la gagne », ajoute Bergamasco.

Cette tendance est aussi le fruit d’un gros travail effectué au niveau de

la formation. En témoignent les bons résultats de l’équipe U20 en 2022 qui s’est payé le luxe de battre deux fois l’Angleterre et l’Écosse. Vendredi à Trévise, ils se sont inclinés d’un petit point (27-28) face aux Bleuets.

Une victoire encouragea­nte suivie de près au club house de Rugby Union Capitolina. Ce club 100 % amateur du nord de Rome a formé des dizaines de jeunes talents. Le pilier Marcos Gallorini, issu de ses rangs était d’ailleurs sur la pelouse. Sur les murs de la pièce, les maillots des internatio­naux qui ont éclos ici trônent fièrement. Ils sont une dizaine. « On a fait de la place pour celui d’Edoardo Iacchizzi, qui va honorer sa première cape dimanche », explique Cesare Marrucci, le directeur sportif du RUC.

Pays du Calcio roi

Mais former des jeunes rugbymen en Italie est aussi un sacerdoce. « Pendant six ans, on n’a pas gagné un match du Tournoi. C’est difficile d’attirer des gamins en nombre dans les clubs quand ton équipe nationale perd tout le temps », constate Cesare Marrucci. D’autant plus dans un pays où le Calcio est roi.

Comme partout, c’est l’équipe nationale qui draine les foules au- delà du traditionn­el noyau de passionnés. Ainsi, la FIR, la fédération italienne, totalise 60 000 licenciés, selon Daniele Pacini, son directeur technique, quand elle en a compté jusqu’à 85 000 dans les années 2000.

C’est pour cela qu’il faut rester prudent sur ce renouveau, car le fossé est encore grand avec les grandes nations qui continuent elles aussi à progresser. Comme on a pu le voir lors de la 2e mi-temps contre l’Afrique du Sud en novembre, où les Italiens avaient sombré (21- 63). Il y a aussi peu de chance que l’Italie voit, enfin, les quarts de finale d’une Coupe du monde, ayant hérité de la poule de la France et de la Nouvelle-Zélande. Comme on risque de le voir à Rome aujourd’hui, pou la Squadra, le chemin est encore long.

 ?? | PHOTO : MAXXPPP ?? Ange Capuozzo, le symbole du renouveau italien.
| PHOTO : MAXXPPP Ange Capuozzo, le symbole du renouveau italien.

Newspapers in French

Newspapers from France