Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Chasse aux ballons au- dessus des États-Unis
Un « objet volant » a été encore abattu vendredi soir par l’armée américaine, cette fois dans le ciel de l’Alaska. La psychose autour des ballons espions chinois bat son plein. Non sans raison.
Six jours après avoir demandé à la chasse américaine de descendre un ballon espion chinois au large de la côte est des États- Unis, le président Joe Biden a remis ça vendredi soir, en ordonnant de nouveau à un F-22 Raptor de tirer un missile sur un « objet volant », à 12 000 m d’altitude au- dessus de l’Alaska. Officiellement, pour protéger les couloirs aériens, les avions commerciaux volant jusqu’à 13 000 m.
En attendant que la Marine américaine récupère tout ou partie des débris dans ses eaux territoriales gelées, on ignore à quoi pouvait servir le ballon et surtout à qui il appartenait. Seules certitudes à ce stade : les deux affaires et les deux engins sont différents.
Le premier ballon était de la taille de trois autobus et volait à plus de 20 000 m ; il a traversé les États- Unis d’ouest en est, en survolant des sites militaires sensibles, avant d’être abat
tu au- dessus de l’Atlantique. Il était piloté à distance et appartenait à une société chinoise sous contrat avec l’armée de Pékin.
Le second ballon était « beaucoup plus petit », de la taille « d’une voiture », a précisé la Maison-Blanche. Il a juste eu le temps d’entrer sur le territoire américain au- dessus d’une zone désertique. Enfin, il ne semblait pas
dirigeable à distance, selon les observations des pilotes de F-22.
La décision de l’abattre immédiatement en dit long sur la pression qui pèse sur le président Joe Biden et sur la montée d’une psychose autour de l’espionnage chinois. Non sans raison.
Ces derniers jours, l’examen des débris du premier ballon récupérés en mer a remis en cause la version chinoise d’un dirigeable météorologique civil ayant dévié de sa trajectoire. Le ballon était doté d’équipements très pointus, notamment pour filmer mais aussi pour intercepter des signaux d’origine électromagnétique et de télécommunication. C’est justement l’intérêt de ces ballons par rapport aux satellites…
Une flotte de ballons espions
Placés entre 20 km et 100 km au- dessus de la Terre, dans une zone sans souveraineté bien définie, les ballons peuvent rester en vol stationnaire et sont assez près du sol pour « siphonner » les signaux électromagnétiques.
Le Pentagone a surtout révélé, cette semaine, que le ballon chinois abattu le 4 février était loin d’être un exemplaire unique et que l’armée américaine avait déjà eu affaire à eux. Au moins une vingtaine de missions chinoises auraient été détectées depuis 2018, dont la moitié dans l’espace aérien des États- Unis, mais aussi au- dessus de territoires américains dans la Pacifique (Guam et Hawaï). Washington pense que l’armée chinoise s’est dotée d’une flotte de ballons espions qui survolent l’ensemble du globe.