Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Chasse aux ballons au- dessus des États-Unis

Un « objet volant » a été encore abattu vendredi soir par l’armée américaine, cette fois dans le ciel de l’Alaska. La psychose autour des ballons espions chinois bat son plein. Non sans raison.

- Patrick ANGEVIN.

Six jours après avoir demandé à la chasse américaine de descendre un ballon espion chinois au large de la côte est des États- Unis, le président Joe Biden a remis ça vendredi soir, en ordonnant de nouveau à un F-22 Raptor de tirer un missile sur un « objet volant », à 12 000 m d’altitude au- dessus de l’Alaska. Officielle­ment, pour protéger les couloirs aériens, les avions commerciau­x volant jusqu’à 13 000 m.

En attendant que la Marine américaine récupère tout ou partie des débris dans ses eaux territoria­les gelées, on ignore à quoi pouvait servir le ballon et surtout à qui il appartenai­t. Seules certitudes à ce stade : les deux affaires et les deux engins sont différents.

Le premier ballon était de la taille de trois autobus et volait à plus de 20 000 m ; il a traversé les États- Unis d’ouest en est, en survolant des sites militaires sensibles, avant d’être abat

tu au- dessus de l’Atlantique. Il était piloté à distance et appartenai­t à une société chinoise sous contrat avec l’armée de Pékin.

Le second ballon était « beaucoup plus petit », de la taille « d’une voiture », a précisé la Maison-Blanche. Il a juste eu le temps d’entrer sur le territoire américain au- dessus d’une zone désertique. Enfin, il ne semblait pas

dirigeable à distance, selon les observatio­ns des pilotes de F-22.

La décision de l’abattre immédiatem­ent en dit long sur la pression qui pèse sur le président Joe Biden et sur la montée d’une psychose autour de l’espionnage chinois. Non sans raison.

Ces derniers jours, l’examen des débris du premier ballon récupérés en mer a remis en cause la version chinoise d’un dirigeable météorolog­ique civil ayant dévié de sa trajectoir­e. Le ballon était doté d’équipement­s très pointus, notamment pour filmer mais aussi pour intercepte­r des signaux d’origine électromag­nétique et de télécommun­ication. C’est justement l’intérêt de ces ballons par rapport aux satellites…

Une flotte de ballons espions

Placés entre 20 km et 100 km au- dessus de la Terre, dans une zone sans souveraine­té bien définie, les ballons peuvent rester en vol stationnai­re et sont assez près du sol pour « siphonner » les signaux électromag­nétiques.

Le Pentagone a surtout révélé, cette semaine, que le ballon chinois abattu le 4 février était loin d’être un exemplaire unique et que l’armée américaine avait déjà eu affaire à eux. Au moins une vingtaine de missions chinoises auraient été détectées depuis 2018, dont la moitié dans l’espace aérien des États- Unis, mais aussi au- dessus de territoire­s américains dans la Pacifique (Guam et Hawaï). Washington pense que l’armée chinoise s’est dotée d’une flotte de ballons espions qui survolent l’ensemble du globe.

 ?? ??
 ?? | PHOTO : RYAN SEELBACH, UPI, U.S NAVY, MAXPPP ?? Lors de la recherche, par des marins américains, des débris du ballon chinois abattu le 4 février au-dessus de l’Atlantique.
| PHOTO : RYAN SEELBACH, UPI, U.S NAVY, MAXPPP Lors de la recherche, par des marins américains, des débris du ballon chinois abattu le 4 février au-dessus de l’Atlantique.

Newspapers in French

Newspapers from France