Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Il restaure le cadre des tableaux qui partent au Japon
Le musée des Beaux-Arts de Quimper va prêter 63 tableaux et dessins pour une grande exposition au Japon. Nicolas Quilliec, restaurateur, redonne du lustre aux cadres de ces oeuvres d’art.
Au rez- de- chaussée du musée des Beaux-Arts de Quimper (Finistère), la salle a beau être fermée au public, certains se hissent sur la pointe des pieds pour tenter de voir ce que fabrique cet homme avec un tablier penché sur une grande, très grande toile.
Nicolas Quilliec, menuisier de formation, touche du bois au musée depuis quinze ans ans. Il est aux petits soins pour les cadres, des plus sobres aux plus présomptueux, s’occupe également de la scénographie des expositions. Si le métier de restaurateur/trice de tableaux est souvent mis en lumière, celui de restaurateur de cadres l’est moins. « Un cadre ne doit pas étouffer l’oeuvre, le regard ne doit pas être distrait par le cadre mais celui- ci doit mener le regard vers l’oeuvre. » Nicolas sait de quoi il parle, lui qui est par ailleurs, aquarelliste.
Des recettes qui ont traversé le temps
Depuis mi- décembre, le musée a confié à Nicolas le soin de redonner du lustre à des oeuvres en partance pour le pays du Soleil levant. Le musée Sompo à Tokyo va accueillir dès le 25 mars, une exposition intitulée Lumière et vent en Bretagne.
Soixante-trois tableaux et dessins du musée des Beaux-Arts de Quimper vont faire le voyage pour cette
expo itinérante qui passera dans cinq villes et qui se terminera le 11 juin 2024 à Hiroshima. Nicolas ne sera pas du voyage, mais son travail sera visible. Une satisfaction. Il minimise son intervention, mais il contribue à magnifier les oeuvres d’art. Il parle de « petit maquillage, de nettoyage » avec des outils simples, des carrés de feuilles d’or de 8 cm x 8 cm « ou de cuivre, c’est moins cher, mais ça vieillit mal », et des recettes qui ont traversé le temps.
Comme la colle de peau de lapin qui fait office de mortier, le bol d’Arménie, qui ressemble à de l’argile rouge que l’on voit apparaître discrètement sous les dorures des cadres, ou encore « ce mélange de bitume de Judée et de terre pourrie qui donne un aspect poussiéreux ».
Le restaurateur sourit. À son aise, sur un tabouret à roulettes, il fait le tour des cadres posés à plat. « Le plus grand c’est L’Adieu, d’Alfred Guillou, il fait 2,45 m x 1,70 m. » Le cadre le plus lourd est certainement celui de l’Attelage breton d’Émile Vernier, le cadre doit faire dans les 200 kg.
en chef du musée, reconnaît la qualité du travail effectué par ses équipes. « Le cadre est une deuxième peau, un tableau sans cadre est comme nu. Pour certains artistes, comme les Nabis, c’est un prolongement même de l’oeuvre. »
Quant à la collaboration avec le Japon, ce n’est pas une première. Les Japonais sont friands des peintres de l’école de Pont-Aven, des paysages bretons. N’oublions pas non Certains cadres peuvent paraître plus plus que certains artistes français imposants, mais ils ne sont pas forcésont revenus marqués par les estamment pleins. « C’est un travail délicat, pes du monde flottant (Ukiyo- e) et ont un peu comme une restauration importé dans leur pays ce que l’on a dans une maison de couture, pournommé le japonisme. De façon plus suit Nicolas, qui demande du temps, prosaïque, ce prêt d’oeuvres au de la passion, une connaissance de Japon est également une belle opél’artfinancière.etdesonhistoire.»ration
Guillaume Ambroise, conservateur