Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Plus de 4 000 personnes pour les retraites et l’hôpital
« On est là pour les deux mobilisations », pouvait- on entendre dans le cortège. Hier, la mobilisation a été massive à Guingamp pour dire non à la réforme des retraites et oui au maintien de la maternité.
Ils étaient plus de 4 000, dans les rues de Guingamp, hier, pour dire non à la réforme des retraites et oui au maintien de l’hôpital public de plein exercice, dont la maternité est menacée de fermeture. Une mobilisation massive, autour d’un double message. « Les deux sont liés », assurent les manifestants interrogés.
Comme Marc, déjà présent le 19 et le 31 janvier, qui lève haut un panneau où un grand-père et son petitfils se tiennent la main et où il est question de retraite… et de maternité. « C’est important d’être là pour les deux. L’objectif, derrière la réforme des retraites et l’hôpital, est le même : gagner de l’argent ! »
« Je manifeste pour mon travail »
Non loin de là, Audrey et Olivier, père et fille, sont aussi des deux luttes. La jeune fille a une blouse blanche sur les épaules. « Je suis en formation aide- soignante et j’étais en stage à la maternité jusqu’à hier. C’est impensable que cette maternité ferme. Les mamans vont- elles bientôt devoir accoucher sur la route ? » Le papa, lui, pense à la retraite. « Je suis chauffeur routier, de nuit. Je me vois mal aller jusqu’à 64 ans. Et quand on travaille toute une vie pour avoir 1 200 € à la retraite, c’est injuste. En plus, avec le coût de la vie qui augmente, on a déjà du mal à terminer les fins de mois en travaillant, alors à la retraite… »
Après une brève prise de parole de l’intersyndicale, le cortège se met en marche dans les rues de Guingamp. La foule est impressionnante. Les panneaux « Non à la retraite à
64 ans », « Tu me mets 64, on te met 68 », se mêlent aux banderoles « Fiers de ma maternité » ou « Hôpital sacrifié, population en danger ».
« Ici, le patient est au coeur des préoccupations »
« Je manifeste d’abord pour mon travail, explique celle qui travaille à la maternité. On a eu des entretiens récemment où on nous a donné trois choix : aller à Saint- Brieuc, à Lannion, ou rester à Guingamp dans un autre service. Sinon aller chercher ailleurs. Comme si la fermeture était actée mais on ne veut pas nous le dire. On a tous répondu que notre premier choix était de rester à Guingamp, dans cette maternité. »
Alors que la Coordination santé prend la tête du cortège, au moment d’entrer dans le centre-ville, Viviane et Marcelline affichent en grand deux messages. D’un côté, « travailler en Ehpad jusqu’à 64 ans quand l’âge pour y entrer comme résident est 60 ans », de l’autre « en soutien à la maternité ». Toutes les deux font partie de l’association Bulle d’eau, à Guingamp, qui propose des activités aquatiques pour les femmes enceintes et les bébés. « On vient soutenir la maternité », affichent- elles.
Comme cette famille, de Guingamp. « On est là pour les deux mobilisations. Nos trois enfants sont nés à Guingamp, l’accouchement dans l’eau ne se fait qu’ici. Et pour les retraites, c’est encore loin pour nous, mais si on ne se défend pas maintenant… »
Au retour du cortège sur le parvis de la mairie, sur les coups de 12 h 15, la Coordination santé a pris la parole. « Ici, à Guingamp, le patient est au coeur des préoccupations des soignants. Nos citoyens ont tous droit à l’accès aux soins, c’est à l’Agence régionale de santé (ARS) de mettre les moyens. On ne lâche rien. » La mobilisation s’est terminée par une danse. Et un message : « Rendezvous jeudi, à 17 h 30, ici même pour une nouvelle mobilisation contre les retraites. » La lutte est commune !