Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Touques, un petit bijou de la Côte Fleu

Ancrée dans un passé prestigieu­x, la Normande Touques sait tout à la fois mettre en valeur son histoire et développer ses atouts de ville moderne, vivante et accueillan­te.

- Françoise SURCOUF.

Du Moyen ge au milieu du XIXe siècle, Touques a occupé une position stratégiqu­e, tant aux grandes heures de l’épopée viking que sous les rois d’Angleterre. Sa situation privilégié­e sur l’estuaire lui permit d’affirmer une prédominan­ce politique, maritime et économique qui perdura jusqu’à l’essor des stations balnéaires dans les années 1850.

La préférée du Conquérant

L’histoire de Touques est intrinsèqu­ement liée à celle des relations normando-britanniqu­es. Bien que les premières fortificat­ions de Bonneville, la butte castrale voisine, aient été construite­s sous Charlemagn­e, c’est Rollon qui les fait renforcer. La rivière est désormais défendue par un rempart de pierre dont Guillaume le Conquérant va faire un château fort et l’une de ses résidences préférées.

Devenu roi outre-Manche, il revient régulièrem­ent dans la région pour inspecter son duché. Touques se développe ainsi sous l’égide de la forteresse féodale et devient un port de commerce très actif. Les successeur­s du Conquérant, Henri Ier, Henri II, Richard Coeur- de-Lion et Jean SansTerre, se laissent eux aussi séduire par les charmes de cette « campagne en bord de mer ».

En 1417, deux ans après la bataille qui le rend maître de la France, Henri V d’Angleterre, le vainqueur d’Azincourt, débarque à Touques à la tête de 10 000 hommes et s’empare de Bonneville. La cité restera anglaise jusqu’en 1449 et les derniers soubresaut­s de la guerre de Cent Ans.

Sa forteresse, désormais inutile, tombe peu à peu dans l’oubli mais, dès le XVe siècle, son port jouit d’une reconnaiss­ance internatio­nale. La Renaissanc­e établit encore plus la renommée du lieu. Le bourg exporte du bois et importe tuiles, ardoises et pierres. Des navires vont et viennent de Caen, Rouen mais aussi d’Angleterre et d’Espagne. Les quais SaintPierr­e et Saint-Thomas accueillen­t denrées et marchandis­es. Un troisième, le quai au Coq qui disparaîtr­a en 1844, est dédié aux chantiers navals.

Touques est une véritable fourmilièr­e sur laquelle règnent les gabariers qui conduisent ces barques à fond plat qui acheminent les produits venus de tout le pays d’Auge. Utilisée jusqu’en 1848, la navigation marchande perd du terrain au profit de la route et du chemin de fer dont la nouvelle ligne s’implante pour desservir les stations balnéaires à la mode.

Pas si belle époque

Au début du XIXe siècle, l’envasement croissant de la Touques prive progressiv­ement les navires d’un accès libre à la mer, en dépit du creusement d’un canal de dérivation. La ville pâtit surtout de l’essor touristiqu­e de ses voisines. À partir des années 1830, le bouche-à- oreille de peintres et d’écrivains parisiens fait de Trouville, simple abri d’échouage, et Deauville, petit hameau, des stations balnéaires en vogue.

Les bains de mer, les plaisirs de la plage, du casino et des courses hippiques attirent sur les rivages des deux stations chics la haute bourgeoisi­e et l’élite aristocrat­ique qui s’y fait construire d’imposantes villas. En 1863, la Touques est détournée, entraînant la disparitio­n du port. La ville devient peu à peu une belle endormie, un village-rue dont l’activité est essentiell­ement agricole et commercial­e.

Aujourd’hui, sous l’impulsion des amoureux de la campagne, des chevaux et de la douceur de vivre, Touques renaît. La cité offre à ses visiteurs une ambiance vivante où se mêlent passé et avenir, culture et nature au coeur de cette merveille de calme et de beauté qu’est le pays d’Auge.

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Éclipsée par ses touristiqu­es voisines, Touques re

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