Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Le périnée, grand mal-aimé et pourtant...
C’est une partie du corps humain peu connue. Pourtant, le périnée a un rôle capital et peut être de mieux en mieux soigné.
Bruno Deval, professeur de gynécologie- obstétrique, n’y va pas par quatre chemins : « Le périnée de la femme, c’est ma- gni-fique ! » Une admiration dont il a fait tout un livre (1).
Et il y avait urgence : « C’est un sujet tabou, encore trop réduit aux questions considérées comme honteuses des fuites urinaires, voire des incontinences anales. On associe le périnée à quelque chose de sale, de malodorant… »
Pourtant, le spécialiste n’en démord pas, c’est un sujet qui concerne « toutes les femmes, toute leur vie, qui va évoluer selon l’âge, de l’adolescence à la vieillesse ». Et qui regarde même ces messieurs, puisque l’homme en est aussi doté.
Un enjeu éthique
Mais à quoi sert- il exactement ? La liste est longue tant ce tissu de muscles revêt la même fonction que « le plancher d’une maison ». À savoir que la vessie, le rectum, l’utérus et une partie du vagin reposent sur lui.
De même, il est le chef opérateur du contrôle de la continence, urinaire et anale. Alors s’il défaille, c’est une succession de problèmes qui advient et peut nécessiter une mobilisation de plusieurs professionnels : le gynéco, mais aussi le kiné, l’urologue, l’ostéopathe, le neurologue, le sexologue… Bref, le périnée n’est pas qu’une question de bienêtre, c’est aussi une thématique « médicale, sociétale, éthique ».
Car au- delà des soucis pelviens et très communs après une grossesse ou lors de la vieillesse, le périnée mérite une attention particulière lorsqu’il y a malformation, mutilation ou transformation de genre.
Logique qu’il soit ainsi « mieux connu et entretenu » même si aucun problème n’est signalé. « La médecine a fait beaucoup de progrès. Il n’y a pas de fatalité et d’âge pour s’en préoccuper. Par exemple, il y a peu, j’ai opéré une centenaire ! Il en va de la dignité des personnes de les aider à réparer ce qui dysfonctionne. » Notamment le prolapsus, c’est- à- dire la descente d’organes.
Entraînement quotidien
Et bonne nouvelle, en dehors des suivis médicaux de rééducation ou chirurgie périnéale, chacun peut entraîner quotidiennement son périnée pour qu’il garde toute sa force. Déjà, en évitant certains facteurs de risques comme la surcharge pondérale. « En privilégiant également certains sports comme le vélo, la natation, le gainage, le pilate, le yoga. » Bruno Deval conseille même des rituels, jour après jour. Exemple : « Contracter son périnée à chaque arrêt à un feu rouge ou chaque fois que vous ouvrez votre frigo. » (1) Le périnée féminin, Éditions du Rocher, 18,90 €.