Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Comment protéger les rapaces nocturnes
Chouettes et hiboux sont victimes d’accidents que l’on pourrait éviter. Explications avec Théo Hervé, chargé de mission « conservation » à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Quelles sont les premières causes de déclin des rapaces nocturnes ? En tête de liste, très classiquement, on trouve l’agriculture intensive. Elle détruit les habitats et met à mal les ressources alimentaires de nombreuses espèces comme le Petit- duc scops (insectivore) ou encore la Chouette chevêche et l’Effraie des clochers, deux espèces inféodées aux milieux agricoles, dont les proies naturelles (micromammifères) sont pareillement impactées par les monocultures intensives. Mais les chouettes et les hiboux sont victimes d’accidents plus spécifiques à leur condition de rapace nocturne.
Quels accidents les menacent ? Les collisions routières sont une cause de mortalité significative pour l’Effraie, le Hibou moyen- duc et la Chevêche, désorientés par la lumière des phares. Lever le pied lorsqu’on circule de nuit permettrait d’éviter ce type d’accidents.
D’autres gestes contribueraient-ils à les protéger ?
Poser un simple filet au- dessus de sa cheminée est une très bonne idée : les rapaces explorent les cavités en quête de gîtes diurnes mais, une fois qu’ils ont pénétré dans un conduit lisse, ils ne peuvent plus s’en extraire. Le problème est similaire avec les poteaux creux des anciennes lignes électriques, qui constituent de véritables pièges pour toute une petite fau
ne alors qu’il suffirait de les obturer.
Les lignes électriques sont-elles dangereuses pour les rapaces ? Elles sont dangereuses pour les rapaces et pour tous les grands oiseaux susceptibles de s’électrocuter, en prenant appui sur des éléments conducteurs. En particulier sur les lignes moyenne tension, qui ne sont pas nécessairement équipées de gaines isolantes. Repérer ces poteaux et contacter l’organisme gestionnaire du réseau pour les neutraliser aiderait à sauver des individus.
Un dernier conseil ?
J’en ai deux. Le premier : lorsque vous rénovez un bâtiment, pensez à conserver, ou à ménager, quelques cavités. Ce seront autant de refuges susceptibles d’offrir un abri, voire un nid, à une Chevêche ou une Effraie. Mon second conseil est plutôt un appel aux agriculteurs et concerne le Hibou des marais, une espèce en danger dont ne subsistent que quelques dizaines de couples en France, notamment dans les marais bretons et la baie du Mont- Saint-Michel. Cet oiseau a la particularité de nicher au sol et les fauches précoces constituent un vrai danger. Épargner certains mètres carrés stratégiques serait providentiel. Les bénévoles de la LPO sont prêts à venir repérer les nids pour organiser des fauches plus sélectives.