Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« On joue contre Montpellier, pas contre Michel »
Le Stade Brestois affronte un adversaire direct, qui l’avait humilié à l’aller (0-7). C’est déjà un tournant pour le maintien, qui ne manque pas de piment : les Finistériens retrouvent Der Zakarian.
C’est la revanche du 7- 0, c’est déjà un tournant pour le maintien, ce sont les retrouvailles avec Michel Der Zakarian. Ce Montpellier – Brest est un match à tiroirs, mais Eric Roy a coupé court vendredi quand on a tout mis dans la même question : « La thématique principale, c’est qu’on affronte un adversaire direct, avec lequel on va devoir se battre jusqu’à la fin de la saison ».
Roy n’était pas du naufrage le 28 août, lorsque sept des huit tirs cadrés de Montpellier avaient fini au fond. Roy n’a pas directement succédé à Der Zakarian, et il appuie : « Je ne veux pas que l’on se trompe d’objectif. On joue contre Montpellier et pas contre Michel. Il a fait ses preuves par le passé, c’est un très bon entraîneur, il l’a prouvé tout au long de sa carrière. S’il a eu des difficultés relationnelles avec ce groupe- là, c’est quelque chose qui appartient à Michel et aux joueurs. Ce n’est pas un levier sur lequel je vais m’appuyer, parce qu’aujourd’hui, je fais bien le distinguo entre l’adversaire et l’ancien entraîneur de Brest. Je ne suis pas là- dedans. »
Belkebla : « Quand tu en prends sept dans la tronche… »
Les joueurs non plus, officiellement, (« Ce qui s’est passé avec l’ancien coach, on met ça de côté », explique Jérémy Le Douaron), mais on imagine quand même que certains, et on pense notamment à Franck Honorat, seront encore plus motivés que d’habitude… Michel Der Zakarian, fidèle à son style, n’a également rien laissé filtrer. Dans nos colonnes, jeudi, il avait soufflé que retrouver Brest pour son retour à La Mosson « était le destin », et qu’il n’avait pas vu jouer son ancienne équipe depuis son éviction, le 11 octobre, « parce qu’il avait regardé d’autres matches ». Le Franco-Arménien a visiblement rattrapé son retard en peu de temps : vendredi matin, en conférence de presse, il a souligné que « Brest était une formation qui jouait beaucoup plus bas avec Eric Roy, et qui contrait vite. »
Pour le Stade Brestois, le timing choisi par le président montpellierain Laurent Nicollin (Romain Pitau a été limogé mardi) n’est évidemment pas idéal. Le MHSC à la sauce Der Zak ne devrait pas ressembler à celui de Pitau. MDZ, depuis son retour aux affaires dans l’Hérault en début de semaine, a en effet donné le ton : il a sans surprise parlé de « combat, d’efforts, de discipline ».
Eric Roy dresse le tableau : « C’est toujours plus difficile de préparer un match face à une équipe qui vient de changer d’entraîneur, même si on le connaît et qu’on connaît ses princi
pes de jeu. On parle souvent d’électrochoc, il aura peut- être lieu, je n’en sais rien. Mais ce qui est sûr, c’est que Montpellier aura une énergie supplémentaire. On va nous mettre sous pression, on sait que l’on va être attendu, on s’attend à une révolte globale du club, avec un entraîneur qui a réussi là-bas et qui fédère autour de lui. »
À écouter les Brestois, c’est davantage le 7- 0 de l’aller qui trotte dans les têtes, plutôt que le changement d’entraîneur dans le camp d’en face. Les Finistériens l’ont souvent répété cet automne, cette déroute avait laissé des traces (Brest avait enchaîné sept matches sans succès ensuite), et plus de cinq mois après, Haris Belkebla a encore du mal à trouver les mots : « Quand tu en prends sept dans la tronche, quand tu prends une gifle pareille à domicile devant tes supporters… C’était incompréhensible sur le terrain, chaque occasion se transformait en but, c’était un calvaire. Ça reste en tête, ça nous a même traumatisés durant une bonne partie du début de saison. On était un peu en dedans les matches qui ont suivi. Mais maintenant, c’est du passé. On va avoir à coeur de se rattraper. »
Le redressement a pris du temps, mais est palpable depuis un mois et l’arrivée d’Eric Roy (une victoire, quatre nuls en Ligue 1). Cela demande confirmation sur la durée : « On souhaite valider à Montpellier ce qu’on
fait depuis le début d’année, appuie le coach. Ça donnerait un bilan comptable intéressant, et c’est un rendez-vous important sur le plan psychologique ».
Pour les Brestois, c’est l’heure de solder les comptes.