Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Le projet fou du collectif Wild Bretagne

Ce groupe de jeunes Bretons a acheté trois terrains de 18 000 m² dans les Côtes- d’Armor pour créer une forêt sauvage, grâce à une cagnotte en ligne. Il a ainsi recueilli 18 655 €.

- Charles DROUILLY.

« Nous allons bientôt arriver dans la réserve. » Alexandre Patureau ouvre la marche, à mi- chemin entre Plouëcdu-Trieux et Saint- Clet, deux petites communes situées au nord des Côtes- d’Armor.

À 28 ans, ce Breton est dans son élément. Il est passionné par les forêts. Certains diront qu’il est écolo. Lui n’est pas du genre à mettre ses semblables dans des cases. Il aime les rencontres, le partage des idées. Surtout, il est persuadé que si l’on ne fait rien, les choses vont mal finir. « La place de la vie sauvage en France a pratiqueme­nt disparu. L’artificial­isation des sols et la surexploit­ation des terres ont un impact sur la biodiversi­té », rappelle Alexandre.

L’enjeu ? Sauver la vie sauvage

Optimiste dans l’âme, avec des amis, il est passé à l’action. « Nous avons eu la chance d’aller dans la forêt de Białowieża, en Pologne. C’est un endroit unique en Europe pour la vie sauvage. Nous avons pris conscience que ces zones, qui existaient autrefois partout, ont disparu. »

Pour recréer une zone sauvage, il n’y a pas trente- six mille solutions. « Nous avons monté une associatio­n afin d’acheter une forêt », dévoile Alexandre. C’est sur un site d’annonces en ligne que le collectif a trouvé son bonheur. « L’endroit est parfait. C’est une jeune forêt sauvage qui doit avoir une centaine d’années. Pour qu’elle devienne mature, il faudra au moins 600 ans, voire plus. C’est inspirant de participer à un projet plus grand que nous. On retrouve là notre place dans le cycle du vivant. »

Pour financer l’achat de trois terrains, une parcelle de 1 ha et deux zones de 4 000 m², le collectif Wild Bretagne a mis en ligne avec succès une cagnotte participat­ive qui se termine dans vingt- quatre heures. Hier, il avait recueilli 18 655 €, grâce à 404 contribute­urs, au- delà de son objectif (7 590 €).

« Ici, nous n’allons pas prélever d’arbre, il n’y aura pas de chasse, pas de ramassage de champignon­s, pas de zone artificiel­le… »

En clair : « Que la vie sauvage reprenne ses droits ». Un havre de paix pour la faune et la flore. Et l’humain ? Faut-il le bannir ? « Nous faisons partie du vivant, répond Alexandre. Le sentier sera toujours accessible. Nous expliquero­ns notre projet et l’importance de préserver la vie sauvage sur des panneaux. Il ne faudra pas quitter le chemin. »

Sur place, dans les écoles et un peu partout en Bretagne, le collectif souhaite faire de la pédagogie « par l’art et le jeu, grâce à la créativité collective. Alors n’hésitez pas à proposer des idées ! », encouragen­t les membres de Wild Bretagne. Ces derniers espèrent aussi faire éclore d’autres forêts sauvages. « Ce seront des biens communs accessible­s à tous, où l’humain doit se faire discret pour observer les autres manières d’être vivant, comme dirait le philosophe Baptiste Morizot. »

Renseignem­ents : wild- bretagne.fr. Cagnotte en ligne sur le site : www.helloasso.com/associatio­ns/ wild-bretagne/collectes/financerun­e-reserve- de-vie-sauvage- en-bretagne.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Alexandre Patureau est l’un des membres du collectif « Wild Bretagne ».

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