Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Le réchauffement climatique impacte les huîtres
Pour le Salon à la ferme, organisé par la Confédération paysanne, la Ferme marine paimpolaise tenue par la famille Arin, a ouvert ses portes, hier. Eau, sécheresse et forte chaleur ont été abordés.
Qui dit rivières à un bon niveau, dit nutriments et développement de planctons. Quand cette eau douce vient alors se jeter dans la mer, les huîtres peuvent se nourrir convenablement de ces derniers, et poursuivent ainsi leur croissance. Or, « quand on a un été aussi chaud que celui de 2022, avec des cours d’eau à sec, il n’y a plus assez de planctons en quantité et en qualité pour la biodiversité marine », déplore André Arin, ostréiculteur et codirigeant de la Ferme marine paimpolaise, à Kérarzic, en baie de Paimpol.
« Les pluies d’automne nous ont sauvés ! »
Le chantier de la famille Arin accueillait, hier, la troisième édition du Salon à la ferme, organisée par la Confédération paysanne, en lien avec l’association Eau et rivières. Cette année, l’évènement mettait au coeur de ses débats la gestion de l’eau. Concerné, l’ostréiculteur paimpolais tenait à rassembler chez lui autour du sujet. « On n’utilise aucun intrant pour nos huîtres, on est donc totalement dépendants du milieu. Et cet été, on a bien remarqué un manque de croissance dans nos élevages, attribuable au manque d’eau douce, explique André Arin. Les pluies d’automne nous ont clairement sauvés ! » L’approche est empirique.
La Confédération paysanne, Eau et rivières, la Fédération conchylicole… Tous se disent inquiets pour la prochaine saison estivale. Car, à cette problématique, s’ajoute celle de la température de l’eau qui augmente. Si les huîtres creuses de la famille Arin, en baie de Paimpol, près de l’île de Riom ou dans l’archipel de Bréhat, résistent plutôt bien aux fortes chaleurs, l’ostréiculteur craint tout de même que certaines bactéries, normalement inoffensives, ne deviennent dangereuses pour ses mollusques, et pour l’homme. « Nous avons déjà connus trois fermetures et interdictions à la vente de nos huîtres à cause de bactéries pathogènes, comme avec l’épisode du norovirus. On a rendu des gens malades, malgré nous... », surenchérit André Arin. Le réchauffement de l’eau provoque également une reproduction anormale de ses huîtres, venant ainsi modifier les habitudes de la profes
sion.
Face à ces constats, la réflexion est commune. Gilles Huet, d’Eau et rivières, la porte de sa voix : « On ne peut plus faire comme si le réchauffement climatique n’existait pas, il est là et il se voit. De la terre à la mer, nous devons agir pour préserver notre ressource en eau. »