Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Pour le défi de Noah, ils préparent un ultratrail
L’initiative. En octobre, Noah pourrait devenir le premier ado en situation de handicap à parcourir la Diagonale des fous, à La Réunion. Il peut compter sur l’association Nos Limites du Hinglé.
« Quand je parle de ce défi aux autres de l’institut, ils me disent que je suis fou ! », raconte, en rigolant, Noah Le Mée. Fréquentant le centre hélio marin de Plérin (Côtesd’Armor), l’adolescent du Hinglé, près de Dinan, s’est lancé dans une sacrée aventure : participer en joëlette à la Diagonale des fous, à La Réunion, l’une des plus dures courses d’ultratrail au monde.
Atteint d’une paralysie cérébrale séquellaire et d’une hypertonie des quatre membres, Noah, 15 ans, n’a pas de motricité fine ni de coordination des membres inférieurs. Qu’importe, l’association Nos Limites est là pour l’aider à réaliser son rêve. Le 19 octobre, ils seront trente adhérents sur la ligne de départ, prêts à s’élancer pour trois jours et trois nuits.
« Intensifier les parties dédiées au portage »
100 kilomètres, 5 000 m de dénivelés positifs et 65 kilomètres de portage : voici ce qui attend l’équipe à La Réunion. « Il y aura 22 coureurs porteurs, trois remplaçants et cinq logisticiens avec quatre minibus », détaille Xavier Le Galais, coprésident de l’association. Sur place, Nos Limites pourra compter sur l’aide et les conseils d’une autre association, Run Handi Move, locale de l’étape, habituée de la compétition.
Pour l’édition 2023, trois équipages devraient prendre le départ avec une joëlette. Certains, comme Run Handi Move, parcourent de petites parties pour faire profiter différentes personnes de cette expérience. « La particularité de Noah est qu’il fera le parcours de A à Z », indique Xavier Le Galais. Il pourrait devenir le premier ado en situation de handicap à boucler l’épreuve, suivant l’exemple de l’athlète handisport Philippe Croizon.
À un peu plus de sept mois de l’épreuve, l’équipe poursuit son entraînement, accompagnée par un préparateur mental, Géraud Paillot. Dernièrement, une vingtaine de coureurs se sont testés, de nuit, pendant près de huit heures, sur un parcours
de 43 km entre Dinan et Dinard. Les suivant dans un minibus, Noah les a rejoints avec sa joëlette pour les quinze derniers kilomètres. « Je n’étais pas fatigué sur le coup mais il était temps de rentrer à la maison pour se coucher après », raconte l’adolescent.
Le papa parmi les coureurs
« On s’entraîne chaque premier week- end du mois avec Noah. On va intensifier les parties dédiées au portage pour trouver une bonne répartition des forces, décrit Xavier Le Galais. Sans oublier le travail de fond. On est tous coureurs ou marcheurs. Mais 5 000 m de dénivelé positif, il faut se les farcir avec du portage… » À ses côtés, Élodie Daugan, secrétaire de l’association, opine du chef : « Avant, je ne faisais pas de grandes distances, glisse- t- elle.
C’est un défi personnel dans une aventure humaine pour emmener Noah jusqu’au bout. »
Parmi les coureurs, il y en a un pour qui ce défi a une saveur encore plus particulière : Florian Le Mée, le papa de Noah, qui a rechaussé sa paire de baskets pour l’occasion. « Je suis plus confiant qu’il y a un an sur mes capacités, dit-il dans un sourire. On a une bonne équipe, avec un noyau solide. Et que ce soit au centre hélio marin ou au collège, il y a aussi une adhésion autour de ce projet. »
Parmi les prochaines dates clés : un stage de cohésion, en avril, du côté de Guerlédan et une participation à la MaXi- Race, à Annecy (Haute- Savoie), fin mai. « Ce sera la grosse répétition générale avec 45 km au programme et, on l’espère, le groupe au complet, note Xavier Le Galais. On sera la première joëlette à participer. »
Sur le budget prévisionnel de 67 000 €, l’association cherche encore à réunir 25 000 €. Outre une vente de repas à emporter et l’organisation de la Corrida des Granitiers, Nos Limites a lancé une cagnotte, toujours en ligne, sur HelloAsso. Et la structure vient d’être retenue par l’Open Guindé de tennis comme l’association à qui sera reversée une somme à l’issue de la compétition.
« Si tout est bien fait en amont, on n’aura plus que du stress positif, espère le coprésident. On aura mis tout en oeuvre pour être prêts. Le jour J, je pense que pour Noah, le défi sera déjà rempli. Ce ne sera plus que du bonheur. »