Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
À Guingamp, le bonheur est ailleurs
En menant avec aplomb et brio, puis en serrant fort les dents, En Avant a validé une 6e victoire en déplacement et confirmé son statut de grand voyageur. En plus de respirer au classement.
Laval, Bordeaux, Metz, Nîmes, Rodez et Paris FC. La carte de France des préfectures ? Non, mais le tableau de chasse d’En Avant, qui a gagné aux quatre coins de la France cette saison. Cette fraîche soirée à Charléty, stade en bonne partie acquis à la cause costarmoricaine, a confirmé un fait : Guingamp est un grand voyageur de cette Ligue 2. « On est la deuxième équipe à l’extérieur (derrière Le Havre, leader du championnat), capable de voyager, de s’appuyer sur des ingrédients qui font notre force. À l’extérieur, on se focalise sur deux, trois points à exploiter », pointait Stéphane Dumont avant de rejoindre le bus guingampais pour cinq, six heures de trajet.
Hier, face à un Paris FC parmi les meilleurs budgets du championnat mais au bord de la crise de nerfs et empêtré entre le ventre mou et la zone rouge, Guingamp a montré deux visages. Pour autant de mi-temps. Le premier symbolisé par sa jeunesse triomphante. Et le premier but en pro d’Hugo Picard, dont la chevelure longue, l’air juvénile et la fréquence d’appuis font jouer au jeu des ressemblances. Vincent Demarconnay est en tout cas resté immobile. Décalé par Jérémy Livolant, Picard frappe. Son ballon tourne, tourne. Et lèche la lucarne (26’). « On l’a travaillé cette semaine à l’entraînement en plus. J’étais tout excité après ce but, un gamin. C’est inoubliable », glissait-il après la rencontre.
Comme si ça ne suffisait pas, il faisait admirer sa capacité à changer de rythme et faire tourner les défenses cinq minutes plus tard, avant de lancer Amine El Ouazzani, autre jeune. Qui attendait intelligemment avant de servir un Baptiste Guillaume qui n’avait plus qu’à pousser (31’). Voilà pour le premier visage, où Roux, Livolant et Louiserre se sont également montrés offensivement, alors qu’Enzo Basilio avait fait le bon arrêt devant Boutaïb trente secondes avant l’ouverture du score guingampaise et que Mbe Soh puis Quimper avaient sauvé devant la ligne.
« La facette de l’équipe qui s’accroche »
Le deuxième visage fit appel à d’autres vertus. Et Guingamp n’aurait pas eu besoin de le montrer si la grosse occasion de El Ouazzani avait fini au fond au retour des vestiaires. Mais c’est le Paris FC, par Guilavogui, qui réduisait l’écart (47’). « Derrière, on a montré la facette de l’équipe qui s’accroche, avec un état d’esprit remarquable », louait Dumont. Dans le sillage d’un Ilan Kebbal soyeux, le Paris FC, qui pourra nourrir quelques regrets, s’est fait menaçant. Mais Mbe
Soh et Gomis ont joué des épaules, Enzo Basilio a fait les arrêts qu’il fallait (62’, 93’), son poteau l’a sauvé (92’) et Sivis n’a pas eu peur de mettre sa tête (73’).
Et maintenant, briller au Roudourou
« Quel soulagement », dixit le capitaine, Livolant. À Guingamp, cette victoire fera date dans l’histoire de cette saison. Stéphane Dumont : « L’idée est de se détacher du bas et de continuer à avancer, en termes de contenus et de résultats, aussi. On a fait une très bonne première, et en deuxième on s’est accroché, j’aime ça. On avait aussi insisté sur le fait de faire tourner les scénarios en notre faveur. Il y a eu plein de bonnes choses, on avance. En tout cas, à l’extérieur on est sur un bilan comptable, très, très, très positif. »
Alors que le retour en bus aura permis de savourer, Guingamp n’aura même pas besoin de réfléchir pour connaître son prochain voyage. Il sera intérieur. Pour comprendre comment transposer ce genre de performance dans son Roudourou.
Alvin KOUALEF. Retrouvez le détail des notes guingampaises sur www.ouest-france.fr/ sport/football/ea-guingamp