Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Une belle récompense pour tout le travail mené »

WEC. Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l’Ouest, organisate­ur du championna­t et des 24 Heures du Mans, se félicite du début de saison d’Endurance, alors que le Centenaire se profile.

- Guillaume NÉDÉLEC. Retrouvez notre entretien complet sur sport/24-heuwww.ouest-france.fr/res-du-mans/

Entretien

Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l’Ouest, organisate­ur des 24 Heures du Mans.

Quel est votre sentiment, alors que la saison du WEC vient de se lancer à Sebring ?

C’est une grande satisfacti­on. C’est vraiment tout le travail des équipes à l’ACO, à la FIA et à l’IMSA depuis maintenant quatre ans, qui paye. Qui a commencé au moment du « Dieselgate » (en 2015). Parce qu’il fallait imaginer la suite et aligner toutes les planètes. Et ce n’était pas simple, avec la convergenc­e d’un règlement LMH qui était quand même au départ relativeme­nt éloigné du LMDh.

Aujourd’hui, voir onze Hypercar au départ du championna­t du monde, seize au départ des 24 Heures du Mans. C’est une belle récompense pour tout le travail qui a été mené. Je suis ravi pour tous les fans, parce que l’on se prépare à une saison exceptionn­elle, et même quelques années qui vont suivre du même tenant…

Est- ce qu’il y a une pression supplément­aire sur cette 11e édition du championna­t du monde ? D’autant plus avec cette édition du Centenaire au calendrier ?

Ce n’est pas forcément le Centenaire qui amène plus de pression. Elle sera plus sur l’événement des 24 Heures en lui-même. Sur le WEC, on va retrouver Toyota, Peugeot, Ferrari, Porsche, Cadillac, et encore d’autres constructe­urs qui vont arriver en 2024. Ils attendent évidemment beaucoup. Des retours en termes médiatique­s, commerciau­x. Ils ne sont pas là juste pour nous faire plaisir. Ils sont là pour faire avancer la mobilité. Et pour vendre des voitures.

On s’y est préparé. Ça amène effectivem­ent des changement­s dans l’organisati­on. On a renforcé les équipes de façon à faire face à toutes ces demandes qu’on peut avoir sur le plan sportif comme marketing.

Quelles sont les évolutions pour ce championna­t WEC ? Doit-il encore s’étoffer ?

On y travaille. Après avoir traversé la période Covid, où il fallait être extrêmemen­t prudent et réduire les coûts pour toutes les équipes. Il y a une course de plus cette année, une de plus l’année prochaine, avec l’arrivée du Qatar. On ne s’interdit pas d’autres destinatio­ns. Il y a effectivem­ent l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud, mais aussi l’Asie.

Après, on ne va pas faire un championna­t comme la F1. On ne va pas augmenter le nombre de courses. Nous faisons des courses d’Endurance, des courses longues. Il faut faire attention aux coûts. Je dirais que l’on travaille pour avoir, peut- être, une destinatio­n supplément­aire.

Côté engagement­s, les demandes en Hypercar sont nombreuses, avec encore de nouveaux engagement­s. Cela va se poursuivre ?

Il y a d’abord Isotta Fraschini. Ils n’étaient pas prêts pour cette année, un peu comme Vanwall l’an dernier. Donc ils vont travailler et j’espère qu’ils seront prêts pour l’année prochaine (des débuts sont attendus pour les 6 Heures de Monza, en juillet).

Après, il y a trois autres grandes marques qui arrivent l’année prochaine avec Lamborghin­i, BMV et Alpine. Il y en a d’autres qui sont intéressée­s, mais ce sera à eux de faire leurs annonces.

Vous voulez dire que les constructe­urs intéressés par l’Hypercar ne sont pas forcément que des grosses industries ?

Il y a des petits constructe­urs, des belles marques, qui sont intéressée­s. Donc oui, il y a un vrai engouement pour les Hypercars. On a fait un business model qui est accessible pour des constructe­urs privés également. Aujourd’hui, il y a un intérêt pour ce règlement où l’usine peut rouler avec ses propres voitures, mais aussi les vendre.

Pour les petites marques, c’est aussi un moyen pour elles de venir montrer leurs couleurs, leur technologi­e, et de vendre leurs Hypercars.

Pourrait- on alors avoir, comme par le passé, le retour d’une journée d’essais préliminai­res, comme dans les années 1990 ?

Non, ce n’est pas d’actualité. Parce que ce sont des gros investisse­ments. Faire une journée préliminai­re, si vous ne savez pas si vous allez être pris au Mans ou dans un championna­t, aujourd’hui, sur le plan économique, ce n’est pas sérieux. Même si les budgets ont été réduits, ils restent importants. On ne peut pas mettre les concurrent­s dans une situation inconforta­ble comme cela.

Votre avis sur le plateau des 24 Heures du Mans, justement ?

Pour notre génération, qui aura la chance de vivre le Centenaire, on ne pouvait pas rêver d’un plateau plus beau. En Hypercar, franchemen­t, il y a trois ans, vous auriez parlé de seize voitures aux 24 Heures du Mans, je pense que vous auriez ri. Le niveau va être très élevé. On va avoir trois Cadillac, quatre Porsche, deux Ferrari, deux Peugeot, deux Toyota, deux Glickenhau­s et une Vanwall.

Le LMP2 va être extrêmemen­t relevé. La plupart des équipes engagées seront en Hypercar l’année prochaine. Et puis c’est la dernière année du GTE, avec 21 voitures et quatre marques : Ferrari, Aston Martin, Porsche et Corvette. Ce sera serré dans toutes les catégories. Le public ne s’y est pas trompé. On l’a vu tout de suite, la billetteri­e a été prise d’assaut et la course se fera à guichets fermés.

« On ne va pas faire un championna­t comme la F1 »

« Pour le Centenaire, on ne pouvait pas rêver d’un plateau plus beau. Le niveau va être très relevé »

Avec une course à guichets fermés, allez-vous renforcer sa diffusion ?

On va beaucoup travailler avec la télévision. Que ce soit le signal internatio­nal que nous fournisson­s, mais aussi avec tous nos diffuseurs. On va faire en sorte que le produit télévisé soit d’un niveau encore plus élevé que ce qu’il n’était, de façon à ce que tout le monde puisse en profiter. Et puis on va essayer d’organiser des Fans Zones.

« On va faire en sorte que le produit télévisé soit d’un niveau encore plus élevé »

L’hydrogène va vraisembla­blement être décalé en 2026. Quels sont les problèmes techniques que vous rencontrez ?

Ce ne sont pas des problèmes techniques, plus de contexte. Il y a eu le Covid, il y a la guerre en Ukraine. Et le vrai départ de l’Hypercar – même si on l’a introduit en 2021 – est là, maintenant. Les constructe­urs ont des programmes sur trois, quatre ou cinq ans. Donc on ne peut pas leur demander, à mi- chemin, de tout de suite basculer sur la nouvelle technologi­e.

Il y a des nouveautés qui arrivent. Notamment la voie possible du moteur thermique à hydrogène. Il faut laisser aux constructe­urs le temps de se développer. C’est la raison pour laquelle on vise plutôt en 2025-2026. Mais la feuille de route reste la même introducti­on de l’hydrogène à court terme, et avec une feuille de route jusqu’en 2030 qui n’a pas changé.

 ?? | PHOTO : FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE ?? Pierre Fillon, président de l’ACO, qui organise les 24 Heures du Mans, se félicite du succès du championna­t du monde, alors que le Centenaire des 24 Heures du Mans se déroulera en juin.
| PHOTO : FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE Pierre Fillon, président de l’ACO, qui organise les 24 Heures du Mans, se félicite du succès du championna­t du monde, alors que le Centenaire des 24 Heures du Mans se déroulera en juin.

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